DECLARATION DU CNID – FASO YIRIWA TON SUR LES MASSACRES COMMUNAUTAIRES AU CENTRE DU MALI
Le Comité Directeur du Congrès National d’Initiative Démocratique (CNID – Faso Yiriwa Ton), gravement préoccupé par les faits qualifiés indistinctement de massacres, extermination, hécatombe voire génocide qui prévalent actuellement au Centre de notre pays, s’est réuni ce samedi 05 janvier 2018 en session extraordinaire pour évaluer la situation et contribuer à y mettre un terme définitif.
Le Comité Directeur du CNID – Faso Yiriwa Ton a d’abord rappelé que le Mali est une vieille nation au sein de laquelle vivent ensemble, depuis des siècles des populations unies par des liens de toute nature : parenté, mariage, voisinage, culturels, religieux, économiques etc.
Ainsi, au-delà d’une cohabitation harmonieuse, s’est instaurée une véritable osmose sociale faisant de chaque malienne et malien de véritables métisses ethniques et culturels.
Dans le cas du centre de notre pays en particulier, qui peut douter de la fraternité entre Dogons et peuls qui partagent tout y compris les mêmes neveux et nièces, beaux-parents, petits-enfants, langues…
Comment donc comprendre, dans un tel contexte, que la communauté peule soit victime d’attaques répétées causant la mort de centaines de personnes dont des enfants, des femmes et des personnes âgées ?
En aucun cas, la terreur imposée par Amadou Kouffa et ses hommes ne sauraient servir ni de prétexte ni d’explication dès lors que la communauté peule a été leur première et principale cible. Il s’y ajoute que jamais au Mali, une ethnie n’a été ciblée en raison des origines d’un terroriste.
Le massacre du 1er janvier 2019 n’est que le prolongement d’autres hécatombes commis à Nantaka et Kobaka (25 civils tués et jetés dans des fosses communes), Koumaga (37 morts dénombrés par Tabital Pulaaku) et ailleurs.
Cette liste n’est pas exhaustive. Mais déjà en soi, elle interdit tout silence qui, en raison de la gravité et de la récurrence des faits serait au minimum une complicité voire une abdication de responsabilité. Elle oblige donc à assumer pleinement et publiquement ses positions et analyses.
C’est pourquoi le CNID – Faso Yiriwa Ton prend la responsabilité de se libérer de son obligation de réserve et de réticence de porter sur la place publique les questions de sécurité pour dénoncer et condamner la carence fautive du Gouvernement face à ces massacres perpétrés suivant les mêmes scénarii à savoir les assassinats sauvages sans discernement, des villages et greniers brulés, les troupeaux enlevés ou décimés et les autres biens volés … par les mêmes personnes (des hommes habillés en « dozos »), suivis par les mêmes déclarations du Gouvernement annonçant des mesures protectrices des populations et des enquêtes et poursuites judiciaires toutes demeurées sans suite.
Or des questions essentielles restent sans réponse : qui sont ces hommes habillés en « dozos » ? d’où proviennent leurs armes qui ne sont pas celles utilisées habituellement par cette confrérie ? Quel contrôle sur la circulation des armes dans cette zone ? Quelles sont les procédures judiciaires engagées ? Contre qui ? Quelles sont les procédures de désarmement engagées et avec quels résultats ? Quelles sont les mesures réelles de protection des populations ?
Ces questions demeurent désespérément sans réponse.
N’est-il pas étonnant dans ces conditions de constater qu’aucun Conseil de Défense ne s’est penché sur ces questions depuis longtemps et que le Conseil des ministres lui-même qui se tient de façon irrégulière voire aléatoire n’est pas informé à temps réel pour assurer les prises de décisions et leur suivi.
Tous ces constats engagent gravement la responsabilité de l’autorité politique qui doit être plus attentive aux alertes et suggestions des Organisations de défense des Droits Humains, des associations qui, spécifiquement, défendent aujourd’hui les victimes dont TABITAL PULAAKU, des acteurs politiques toutes tendances confondues qui tirent la sonnette d’alarme.
La situation actuelle ne peut perdurer car aucun pays ne peut s’accommoder durablement de conflits régionaux, religieux ou ethnique.
Aucune gouvernance ne devrait nous y conduire et il est de la responsabilité collective de tous les acteurs sociaux et politiques de conjuguer leurs efforts pour mettre le Mali à l’abri de ces épreuves.
Le pouvoir, dans cette optique, doit se convaincre que la sécurité des citoyens et la défense du territoire national seront mieux assurées dans un contexte politique apaisé et consensuelle dont l’initiative et la mise en œuvre lui incombent.
Le CNID-FYT enfin s’incline pieusement devant la mémoire des disparus et souhaite prompt rétablissement aux blessés.
Bamako, le 05 janvier 2019
Maître Mountaga TALL
Président du CNID- FYT
Source: Le Républicain