Une organisation dénommée Collectif justice pour les victimes de Doungoura est créée. Son but : tout mettre en œuvre pour que justice soit faite aux victimes du massacre de Doungoura le 18 mars 2013.
Doungoura est une bourgade de la Commune rurale de Toguéré-Coumbé dans le cercle de Ténenkou. C’est à quelque 7 kilomètres de là, précisément au lieu-dit Neenga, qu’a été opéré le massacre de civils le plus important de la rébellion de 2012, un certain 18 mars 2013.
Ce jour-là, des bandits armés ont intercepté des véhicules de forains sur l’axe Léré-Dioura. Telle que décrite, la scène est simplement insupportable : une vingtaine de passagers, ligotés, les yeux bandés, égorgés ou fusillés, drainés dans les profondeurs d’un puits. Voilà les faits.
Et selon le Collectif qui vient d’être porté sur les fonts baptismaux, « depuis, malgré les multiples démarches entreprises, aucune autorité politique ou administrative, aucun organisme de défense des droits de l’Homme (national ou international), aucun organe de presse (national ou international) n’a rendu compte de ce qui s’est passé à Doungoura. Depuis, aucun signe de sympathie, aucun clin d’œil de compassion de quelque officiel pour les orphelins et les veuves. Et depuis, aucune enquête diligentée pour situer les responsabilités ».
C’est face à ce constat d’abandon que les parents des victimes ont mis en place le Collectif justice pour les victimes de Doungoura.
Le président du Collectif, l’ancien député de Ténenkou, Témoré Tioulenta est formel : « Depuis le massacre, aucune poursuite n’a été engagée contre les auteurs du crime alors qu’ils ont été formellement identifiés par les rescapés, les dépositions des témoins sont restées sans suite, aucune autorité administrative et politique majeure ne s’est présentée sur les lieux : pour constater les faits, témoigner le regret de la nation aux populations terrifiées, consoler les familles éplorées, les veuves affectées et les orphelins abandonnés. Et ce, malgré les multiples démarches entreprises auprès des autorités régionales et nationales ».
M. Tioulenta d’ajouter que depuis plus d’un an, depuis des semaines, quelques heures, les familles de Maliens ordinaires (Peuls, Sonrhaïs, Tamasheq, Maures, commerçants, bouchers, éleveurs, chauffeurs, marabouts), celles de Demba Almamy Cissé de Doungoura, Sogoya Amadou de Doungoura, Ngourdi Nouhoum de Ata, Hammadoun Amadou de Léré, Allaye Boubackary Bah de Nampala, Gouri Kola de Niafunké, Sambourou Oumarou Kane Diallo de Gania, Bakaye Loulou de Toroma, Hamma Deddé de Léré, Nouhoum Anki de Léré, Bello de Léré, Ibrahim Ag Ahmadou de Léré, Baba Ag Agaissa de Léré et Sidy Hammadoun Sidy de Léré, attendent qu’ils soient reconnus morts.
Le Collectif justice pour les victimes de Doungoura est créé pour apporter une contribution au processus de réconciliation nationale enclenché par les autorités de la République.
Il est composé de parents des victimes et de citoyens maliens de toutes catégories engagés pour la construction d’une société malienne plus solidaire dans une République malienne plus équidistante vis-à-vis de ses fils et plus proche de ceux qui souffrent le martyre.
Les principaux animateurs du Collectif sont aussi tout aussi actifs pour la même cause à travers plusieurs endroits du territoire national.
A. Diakité
SOURCE: L’Indicateur du Renouveau