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Marché des fruits de Bamako : Les revendeuses sont incontournables

Beaucoup de jeunes femmes rurales venuesen exode dans la capitale deviennent des vendeuses ambulantes des fruits de saison. Elles sont propres et bien habillées dans les rues, pour attirer la sympathie de la clientèle.

Ce lundi, 25 novembre, le marché des bananes ( Namassa dankan ) comme tous les matins, témoigne de la détermination de la gent féminine. Les passages étroits qui séparent les magasins des grossistes grouillent de commerçantes au détail. La cohue, sans précipitation, se déplace dans tous les sens. Les revendeuses arrivées tôt à la bourse des bananes, sont pressées de regagner le centre ville. Elles sont chargées de régimes de bananes, de melons, d’oranges. Les retardataires sont reconnaissables à leur plateau coincé sous le bras. Elles bousculent tout le monde dans les étroits passages. Elles ont hâte d’arriver au stand de leur fournisseur habituel. Dans ce souk il n’est pas aisé de se frayer un chemin. Ici, pour se faire entendre tout le monde crie, clients, vendeurs. « C’est mon tour ! ». « Cédez-moi le passage ! ». « Dans quel sachet je mets tes achats ? ». « Ne me bouscule pas ! ».
Difficile de convaincre ces femmes de m’accorder deux ou trois minutes d’entretien sur le commerce de la banane. Je guette les allures des clientes. Je m’approche de celles qui affichent une mine sereine. Je me dis que celles-ci sont indulgentes, et qu’elles seront gentilles de répondre à deux ou trois questions.

Ma tactique est bonne. Deux sœurs, ressortissantes de Koro, Ramata et Awa Tolo acceptent de m’accorder quelques minutes de leur précieux temps. Toutes les deux sont mariées. Elles se partagent une caisse de banane chaque jour. Le prix de la caisse de 30 kgs oscille entre 4000Fcfa et 15000 Fcfa selon la taille des bananes, explique l’aînée Ramata. Depuis 5 ans, ce commerce apporte à chacune un bénéfice journalier de 2000Fcfa. Les deux jeunes femmes dogon sont dynamiques, et pleines de vie. Elles affrontent toute la journée, le sourire aux lèvres, les personnes auxquelles elles proposent leur marchandise. Elles ne rentrent jamais à la maison sans avoir écouler leur stock. L’entente est cordiale entre les deux sœurs. La cadette portait au dos le bébé de sa grande sœur au moment de notre entretien, malgré le poids de la marchandise sur la tête. La cadette nous confie :« Nous visitons les places publiques et les marchés de quartiers de Bamako pour vendre la marchandise. Ce travail est pénible. Nous sommes sympathiques. Nous sommes arrivée à créer une chaine de clients fidèles. Ils attendent notre passage ». Les deux sœurs participent à la charge du foyer. Elles font de temps en temps plaisir aux parents restés au village, en envoyant des cadeaux et de l’argent.
La grossiste Aminata Diakité décharge, au cours de la semaine, plusieurs sacs de melons et d’oranges sur le marché de Bamako. Elle achète ses fruits à Ségou, Sirabolola, Banamba. « Les grossistes me cèdent cinq melons à 500f. Je revends quatre à 500f. Mon bénéfice est le prix de vente d’un melon sur cinq. Pour gagner dans ce commerce, il faut être rapide et très compétitive dans l’écoulement des produits. Car ils se gâtent vite. Ces pertes nous pénalisent beaucoup», affirme-t-elle. Cette mère de deux enfants est âgée d’une trentaine d’années. Elle est consciente de son rôle éminent dans la société. Tous les jours elle participe aux dépenses pour faire bouillir la marmite. Elle s’assume et pose des actes responsables pour la stabilité de son foyer. Le plus grand souhait de Bono Coulibaly est de se faire une place au soleil à Bamako, grâce à la vente ambulante des fruits. Elle est âgée d’une cinquantaine d’années. Elle porte tous les jours, sur la tête parfois pas loin de 30 kgs de fruits de saison depuis ses 12 ans. Ce matin, comme des dizaines de femmes elle attend devant un camion 10 tonnes pour être servie. L’infatigable Bono avoue que pendant sa jeunesse elle n’ambitionnait pas de se faire une place sur le marché. C’était la rapidité d’écouler la marchandise qui comptait. Mais elle n’est plus jeune. Cette mère de sept enfants a confiance en ses capacités de leur procurer le pain quotidien. La mère poule a déjà prévenu sa progéniture de son désir de « prendre sa retraite ». Elle encourage ses garçons adolescents de persévérer dans l’apprentissage du métier d’électricien et de chauffeur qu’ils ont librement choisi. Ils seront adultes dans deux et pourront prendre la relève. « Je n’arrive plus à écouler tout mon stock. Ce commerce de détail alterne les bons et les mauvais jours. La perte est énorme parceque les fruits pourrissent vite. Nous ne connaissons aucune technique de conservation que nous pouvons acheter avec nos faibles revenus.», a déploré Bono Coulibaly.

Les difficultés du dédouanement. Le tenace grossiste Abdoulaye Diarra est dans cette activité depuis 16 ans. Tous les jours il gère au mieux de leurs intérêts une clientèle toujours pressée, et ses trente employés. Il écoule vingt tonnes (20)de fruits de saison chaque semaine. Ces marchandises lui viennent de Burkina Faso, de la Cote Ivoire, et du Mali. Il juge que la quantité de fruits maliens est insuffisante dans son stock.
« Je vends des bananes, ananas, oranges. En ce moment nous vivons la saison de la papaye solo.
La difficulté dans ce business se situe au niveau du dédouanement. Avant on acquittait le droit de passage. Maintenant, les cargaisons de fruits importés sont dédouanées. Et c’est cher. Plusieurs taxes sont payées sur le trajet Zégoua-Bamako. A l’entrée de la capitale, le camion est bloqué pendant près de 22 heures . Cette attente longue détériore une grande quantité des fruits. Plusieurs millions de Francs Cfa partent en fumée. Les autorités douanières sont insensibles à nos doléances jusqu’à présent.» s’indigne-t-il.
Le président du syndicat des vendeurs de fruits, Bourama Diarra et Bourama Kaba Diakité, son vice – président sont tous les deux à la tête d’une entreprise familiale. Ils ont succédé à leurs pères qui avaient eux aussi succédé à leurs pères. Les récoltes maliennes ne suffisent pas pour couvrir les besoins du pays. Ces grossistes sillonnent la Côte Ivoire, le Burkina Faso et la Guinée Conakry. Ils y achètent des fruits pour combler le déficit du marché malien.
Par ailleurs, ces grossistes assistent financièrement et matériellement les agriculteurs maliens. Ils approvisionnent les vergers en engrais. Ils les dotent en motos, en pompes hydrauliques, en échange des produits agricoles. En leur qualité de responsables syndicaux, ils gèrent les litiges entre les commerçants, les clients, et les fournisseurs. « En cas de vol, l’accès du marché est interdit aux coupables», témoigne le président du syndicat du marché des bananes. Depuis 30 ans, sur cette surface de vente, la mère Mariam Diakité s’occupe des questions entre les femmes, particulièrement des litiges autour des tontines.
Cette femme corpulente au regard perçant impose le respect. Avec sérénité, elle assume son rôle de leader. « Quand des problèmes surgissent entre les vendeuses ou entre les commerçantes et les clients, je les écoute, Je les ramène à la raison sans parti pris. Je restaure ainsi la paix sur notre marché. Sans la paix, il y a pas de prospérité », a-t-elle affirmé. La responsable vénérée porte un un T-shirt blanc au col vert au moment de notre entretien. Elle était installée sous son un grand manguier. Elle assure écouler entre 30 et 40 par jour.
Maïmouna SOW.

 

Source: Journal l’Essor-Mali

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