Depuis l’annonce de la manifestation par une alliance de trois (3) organisations politiques et sociales, notre pays semble vivre au rythme d’une alerte d’activité volcanique en cours. Si le gouvernement se démène pour désamorcer la bombe de l’Imam Mahmoud Dicko et compagnons, certains s’interrogent sur les vraies raisons de cette manifestation qui donne du vertige à l’autorité.
L’alliance CMAS, FSD et EMK, trois organisations ont décidé de lancer une manifestation pour le départ du président de la république Ibrahim Boubacar Kéita. Cette manifestation programmée pour le 5 juin prochain fait débat dans le pays. Comme les manifestations du 10 février et du 5 avril 2019 pour dénoncer l’insécurité et la multiplication des tueries au centre du pays, cette nouvelle manifestation en vue vise à exiger qu’il y ait une bonne gouvernance, lutter contre la corruption, la banalisation des institutions et surtout l’amélioration des conditions de vie de la population. Des motifs de la manifestation qui ne souffrent d’aucune contestation au regard de la situation du pays. Mais l’appel à la démission du président s’invite tout simplement parce qu’aujourd’hui, ceux qui sont chargés de gouverner le pays ne donnent pas le signe de prendre conscience de la gravité de la situation dans laquelle beigne le pays.
Sur un autre plan, l’on peut aussi comprendre cette demande de l’Alliance au regard des ambitions de certains acteurs, particulièrement les responsables des structures organisatrices de la manifestation du 5 juin. L’imam Dicko, religieux influent du pays, suit sa stratégie et s’auto- radicalise politiquement, au regard de ses prises de positions. Il est entrain de vouloir être le pivot des partis politiques, et ne travaille pas pour les partis politiques mais il est entrain de dévoiler progressivement ses ambitions pour probablement pas être président de la République, mais l’homme veut peser sur l’échiquier politique, pensent certains observateurs de la chose politique.
Imam Dicko, l’Ayatollah malien
« Il est donc à la recherche d’une position en s’inspirant de la stratégie de l’Ayatollah Khomeini de l’Iran », pensent certains. Une position qui lui permettra d’avoir la main -mise sur l’autorité, une sorte de mentor sur l’ensemble du pays, ou encore être le représentant de tout le peuple sans mandat présidentiel, et prendre éventuellement le pouvoir si l’occasion se présente. Il voudrait avoir une position de quelqu’un qui veut que l’état et le pays tout entier obéissent à son bon vouloir sans pour autant passer par un mandat électoral. Un objectif que l’on ne peut atteindre s’il n’a pas la foule.
Hors, la popularité de l’Imam Mahmoud Dicko n’est plus à contester depuis belle lurette. En témoignent les manifestations du 10 février et du 5 avril 2019 annoncées plus haut qui avaient rassemblé une importante foule à Bamako. A cette popularité dont il jouit sont venus se greffer tous les déçus de la mauvaise gouvernance du président IBK. Il s’agit de ceux qui n’ont rien obtenu de la présidentielle de 2018 et n’ont pas été mis en confort par l’accord politique de gouvernance avec Dr Boubou Cissé. Il y a aussi ceux dont le suffrage a été détourné par la Cour Constitutionnelle et donc recalés ; les victimes de coronavirus et le grand nombre de personnes qui n’ont plus à manger, ajoutés aux victimes du terrorisme et de l’insécurité. Tout ce beau monde se retrouve derrière Mahmoud Dicko qui sait faire usage de sa ruse pour utiliser les frustrations populaires. Une position confortable qu’il veut mettre à profit pour assouvir ses ambitions politiques.
Une chose est claire, demander la démission du président n’est pas chose évidente mais obtenir cette démission c’est un autre débat. D’où il faudra qu’un duel s’engage entre les pros et contre IBK pour aboutir à une situation pareille. Et le 5 juin serait une projection des probabilités pour les tenants de cette idéologie putschistes.
Les ambitions ministérielles
Dans cette alliance, même si les responsables s’accordent sur la méthode qui consiste à faire partir IBK, il est à relever que chacun prêche pour sa chapelle. Cette demande n’est pas un fait nouveau. Mais le timing choisi interroge d’autant plus que nous somme à la veille d’un remaniement ministériel où chacun veut se faire entendre pour se faire une place au soleil. Car des situations se sont présentées pour une action spontanée contre le président IBK, personne n’a bronché. Par exemple au lendemain de la publication des résultats très contestés des législatives par la cour constitutionnelle, c’était l’occasion en or. C’est dire que cette manifestation vise aussi à positionner sur l’échiquier politique malien certains responsables de cette alliance, tels que les membres du FSD et Mali Kura. Peut-être, veulent-ils s’inspirer de la logique à la Tiébilé Dramé.
De l’autre côté, (…)
RETROUVEZ L’INTÉGRALITÉ DE L’ARTICLE DANS LA PARUTION DU JEUDI 04 JUIN 2020
KADAOSSO.I
NOUVEL HORIZON