PREMIER LEAGUE – Yaya Touré dispute probablement sa dernière saison avec Manchester City, qui affronte Arsenal ce dimanche (17h00), pour le compte de la 30e journée. Mis au placard en début de saison, l’Ivoirien a retrouvé les terrains et n’est plus le joueur “box to box” que l’on connaissait. Dans une position plus reculée, il retrouve de l’influence.
L’arrivée de Pep Guardiola à Manchester City semblait le pousser irrémédiablement vers la sortie. En début de saison, Yaya Touré n’était même pas de la liste des 25 joueurs qualifiés pour disputer la Ligue des champions. Un choix fort de la part de Guardiola, qui avait poussé son agent à monter au créneau. Ces propos, l’ancien entraîneur du Barça et du Bayern ne les avait que très peu appréciés : “Son agent a parlé dans les médias. Touré n’a pas eu le courage de m’appeler. A partir de ce moment-là, il était sorti de l’équipe. Son agent doit s’excuser. S’il ne le fait pas, il ne jouera pas.”
Du coup, Touré a passé plus de trois mois au frigo. Il a assisté de loin au début de saison tonitruant de son équipe (10 victoires d’affilée toutes compétitions confondues), avant de la voir connaître une première baisse de régime. Il a finalement fait ses débuts au mois de novembre, à l’occasion d’une victoire 2-1 face à Crystal Palace. Un come-back gagnant puisque Touré a signé un doublé ce jour-là, et un retour qui était clairement le bienvenu pour son entraîneur : “Il va nous aider dans la rotation, nous en avons besoin. Je suis si heureux pour Yaya, c’est vraiment quelqu’un de bien. (…) Au début, on ne comptait pas sur lui, il ne devait pas être là, mais il peut jouer dans plusieurs positions et nous avons un joueur de plus pour atteindre nos objectifs.”
Anticipation et placement
Cinq mois plus tard, Yaya Touré est redevenu bien plus qu’un simple joueur de rotation. La blessure d’Ilkay Gündogan, au mois de décembre, a forcé Pep Guardiola à réorganiser son milieu de terrain et l’Ivoirien en est (re)devenu l’une des pièces maîtresses. Désormais positionné seul devant la défense, il offre une sécurité supplémentaire à une arrière-garde qui avait beaucoup souffert face au jeu long sur la fin de l’année 2016. S’il n’a pas retrouvé ses jambes de 20 ans, son sens de l’anticipation et du placement lui permet aussi de gratter pas mal de seconds ballons.
Et quand ce n’est pas lui à la retombée, sa qualité technique est aussi une aide précieuse pour ses partenaires. Ces derniers se reposent très souvent sur lui pour sortir le ballon de la zone de pression. Certes, il est moins mobile que Fernandinho ou Fernando, mais sa capacité à prendre les bonnes décisions sous pression en fait un titulaire logique dans une équipe comme celle de Pep Guardiola. Il suffit de revoir la première mi-temps de Manchester City sans lui à Monaco (2-0 à la pause en faveur de l’ASM) pour s’en persuader. Ce jour-là, les Skyblues auraient sans doute eu besoin de sa sérénité pour se défaire du pressing monégasque.
Nzonzi, le successeur ?
Et avec le ballon ? C’était le principal souci la saison dernière avec Pellegrini : Yaya était toujours utilisé comme un box-to-box alors qu’il n’a plus les jambes pour couvrir autant de terrain. Guardiola a réglé ce problème en (re)faisant de Touré son n°6. L’Ivoirien ne dépasse quasiment jamais le rond central. Résultat, au lieu de devoir défendre sur 80 mètres, il concentre ses efforts sur 40 ou 60. Cette évolution, qui peut s’apparenter à un retour à l’époque barcelonaise du joueur, colle bien plus à ses qualités et surtout ses défauts actuels. Elle lui permet en plus de profiter des espaces inhérents à cette position reculée, notamment lorsqu’il faut utiliser la largeur si chère à Guardiola en orientant le jeu d’une aile à l’autre.
A 33 ans, ce Yaya Touré numéro 6 n’est évidemment pas une solution d’avenir pour Man City. Dès cet été, les Skyblues vont sans doute s’activer pour lui trouver un successeur. Ce qui est intéressant aujourd’hui, c’est que son profil permet de cibler très clairement les besoins de City dans ce secteur : un grand gabarit pour aider la défense sur le jeu long, spécialiste du poste, bon techniquement et sous la pression… mais aussi un joueur plus mobile, rapide et endurant afin de mieux soutenir ce genre d’efforts sur la durée.
A l’heure actuelle, un joueur semble avoir le profil idéal : Steven Nzonzi. Le milieu de terrain du FC Séville réalise une très grande saison en Espagne et risque d’être très demandé cet été. Le club andalou l’a d’ailleurs senti en le prolongeant durant l’hiver afin de revaloriser sa clause libératoire, estimée aujourd’hui à 40-45 millions d’euros. Un montant qui ne devrait pas faire peur aux dirigeants de Manchester City. Ces derniers faisaient d’ailleurs partie des courtisans présumés du joueur durant l’hiver.