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Mamaoutou Touré dit Bavieux : Victime d’un lynchage au nom du bien français

La raison du lynchage réside dans le sentiment qu’en déversant sa haine, on fait œuvre de salubrité publique. Le diable est rusé.

Le lynchage médiatique a deux faces : la première terrifiante, la seconde souriante. La face terrifiante relève fondamentalement du mécanisme le plus archaïque, le plus régressif, , le plus barbare qui soit, à savoir celui du bouc émissaire. En d’autres termes, une vielle méthode qui consiste à tuer une victime innocente en commun en déchargeant sur elle toute la violence que l’on peut avoir. Des médias ont vu en lui le mal, la noirceur, la perversité et en disséquant ceux-ci avec délectation. Secrètement, dans leurs inconscients, ils le détestent  pour de mauvaises raisons, ces raisons étant que ce monsieur étant réélu, on est gêné qu’il en soit ainsi. On aimerait qu’il ne le soit pas. Misère de la haine ordinaire à travers le plaisir de « casser du sucre », le responsable que l’on accuse Mais il y a aussi l’inverse à savoir la face souriante du lynchage. Qui participe au lynchage ? Curieusement, des médias qui sont persuadés de faire du bien, faire progresser le football malien. Au besoin, descendre dans les souterrains du mal afin de mieux pouvoir extirper la Fédération malienne de football serait à leurs yeux une œuvre salutaire. On contribue à la justice en luttant contre les puissances occultes, notamment la Fédération internationale de football (FIFA) qui lui a adressé des félicitations suite à sa brillante élection. On croit faire progresser le bon sens et permettre à la haine collective de se décharger.

Le diable est rusé

Ne vous méprenez pas. C’est un vice dont Radio France internationale (RFI) a plus de difficulté à se défaire. Durant des jours des torrents de haine se déversent, pourquoi ? Parce que ceux qui les déversent sont méchants ? Possible. Sûrement qu’ils sont persuadés d’être des chantres de la justice, de la lucidité, de la liberté d’expression et de la citoyenneté responsable. La démocratie leur a octroyé le droit de donner leur opinion en expliquant que ce droit n’est pas simplement un droit mais un devoir ? Eh bien, ils la donnent. Ça ne vous plaît pas ? C’est que vous n’êtes pas démocrate. La vérité, cette notion est priée de s’effacer au profit de l’opinion. La raison du lynchage réside là. Elle se trouve non pas dans la haine directement exprimée, mais dans le sentiment qu’en déversant sa haine, on fait œuvre de salubrité publique. Le diable est rusé. Pour déverser la haine qui est la chose la moins démocratique qui soit, ils utilisent la démocratie. Résultat, on n’y voit que du feu. La haine devient fréquentable en se masquant derrière ce qui prétend lutter contre elle.

La haine au service du bien

Ah ! J’oubliais,  il importe d’évoquer un élément de taille dans la duplicité. Noël Le Graët, 81 ans, ancien président de la Fédération française de football, accusé de harcèlement moral et sexuel a connu une nouvelle vie en prenant la tête du bureau parisien de la Fédération internationale de football (Fifa). Il était jusqu’alors déjà délégué du président de la Fifa Gianni Infantino, au sein du bureau parisien de l’instance internationale, abrité dans l’hôtel de la Marine, place de la Concorde, dans le 8e arrondissement de Paris. Grâce aux soutiens des plus hautes autorités françaises et des médias français qui se sont manifestés en sa faveur.

Ce lynchage de Bavieux Touré traduit la déception de certains milieux de lui voir jouir du rare privilège de siéger en compagnie de quatre autres Africains au puissant Conseil de la FIFA. Une haine au service du bien de la France officielle qui, à travers ses relais médiatiques, cherche à tout prix à courber l’échine du Mali dans les instances internationales.

Reste à espérer que les autorités maliennes ne prêteront pas le flanc à ces railleries.

Ibrahim Yattara

L’Informateur

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