Hamadi Amadou Bah pourrait être pris en charge par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR). Sur proposition de ce dernier, le berger peul de 36 ans, blessé fin avril dans le centre du pays, pourrait être évacué à Gao pour être soigné.
Actuellement suivi par des médecins à Bamako, Hamadi Amadou Bah raconte avoir été arrêté le 24 avril, alors qu’il vendait des moutons sur un marché, été torturé dans un camp de l’armée malienne, avant d’être relâché 48 heures plus tard. La Commission nationale des droits de l’homme juge son témoignage crédible et demande à ce que la lumière soit faite sur ce qui lui est arrivé.
Gravement brûlé, le berger peul a raconté à ses proches avoir été torturé par des soldats dans un camp. « Les forces armées Fama l’ont traité de jihadiste et lui ont demandé d’amener une arme », raconte Hamadoun Dicko, interne à l’hôpital Gabriel Touré de Bamako, qui s’est occupé de lui et se fait son porte-parole.
« Il dit qu’il n’a pas d’arme. Ils l’ont attaché, lui ont bandé les yeux, lui ont attaché les pieds et les mains. Ils se sont mis à l’électrocuter, lui ont fait avaler des comprimés et l’ont jeté au bord. »
Faute d’avoir reçu des soins rapidement, Hamadi Amadou Bah risque aujourd’hui de perdre plusieurs de ses membres. Le Comité international de la Croix-Rouge a convaincu le berger d’être pris en charge, lui qui refusait d’être amputé.
Une évacuation à Gao où officient les équipes du CICR est en préparation. La Commission nationale des droits de l’homme est aussi allée à sa rencontre. Elle juge d’ailleurs son témoignage crédible et appelle à des enquêtes.
« Son état physique corrobore parfaitement aux allégations de tortures et de mauvais traitements, indique Malick Coulibaly, président de la CNDH. Maintenant, à qui imputer ces actes-là ? Il faudrait des investigations pour attester cela. Très prochainement, nous saisirons différents ministères. »
Au ministère malien de la Défense, on dit ne pas avoir eu connaissance du cas de ce berger peul. Le ministre tient à rappeler qu’en cette période de guerre, le Mali a besoin de soutien et que son armée ne doit pas être dénigrée, tout en assurant que s’il y a eu bavure, tôt ou tard, elle sera sanctionnée.
RFI