Bamako, capitale du Mali. A peine sorti de l’aéroport international de Bamako Sénou, le visiteur tombe sur une “meute de motos jakartas” qui arpente la longue avenue qui débouche au quartier huppé de “Aci 2000 Hamdalaye” Tout roule en sens dessus et sens dessous.
La particularité de Bamako, qui accueille depuis mardi pour 4 jours le Roi du Maroc, Mohammed VI, ce sont les milliers d’habitants hommes comme femmes, garà§ons comme filles, qui arpentent à longueur de journée les différentes voies, faisant dire que la capitale malienne est une « ville aux deux roues ».
“C’est ce spectacle qui se passe ici comme partout dans la ville à longueur de journée et même jusque tard la nuit. On a l’impression que chacun dispose d’une moto”, dit Bakayoko, chauffeur de taxi officiant à l’aéroport de Bamako.
Quelques minutes de courses, voici à cà´té du pont qui arpente le fleuve la cité administrative, un joyau rappelant l’ère du “puissant défunt Khadafi” qui l’a offert au Mali. Ici, les motos dictent la loi aux véhicules automobiles. “Chaque matin, il y a un embouteillage qui se déroule à ce niveau. Nous disputons la voie aux motocyclistes”, ajoute le taximan.
Dans la capitale malienne, il n’y a pas de rues où les motos ne sont pas visibles. Même sur les pieds du mont Koulouba qui abrite la présidence de la République du Mali, on se faufile, on klaxonne….”Aucun quartier n’est excepté ici. On est partout. Tout le monde conduit ici. C’est vraiment l’équité de genre quoi”, dit Fatoumata, , se pressant d’appuyer sur l’accélérateur.
“Il n’y a non plus d’à¢ge pour conduire”, renchérit Timbiné, 14 ans, qui a hà¢te de rejoindre son collège Saint-Pierre et qui explique que le prix d’une moto peut varier entre 400 et 500.00 FCFA. Le jeune homme dit commencer à conduire à l’à¢ge de dix ans. “C’est pourquoi, souligne-t-il, je peux maintenant rouler dans les cieux”.
S’il y a des gens qui se réjouissent de cette situation, c’est bien les vendeurs de motos qui importent les deux roues d’Inde.
Selon bon nombre de commerà§ants, la commande a doublé en peu d’années. “Au début, je peinais à écouler mes 50 motos en six mois. Actuellement, je passe commande chaque trois mois. C’est vraiment bien. Il y avait certes des motos au début dans Bamako, mais ce n’était pas à ce rythme. Il y a un boom, dà» à l’accessibilité des jakartas dont le plus cher coà»te 500.000 fcfa”, explique Mamadou, un Sénégalais qui fait fortune à Bamako.
Ce boom des acheteurs, Abdoulaye l’a bien ressenti. “On rend grà¢ce à Dieu. Que cela aille de l’avant”, dit-il, refusant de dévoiler son chiffre d’affaires.
Cette prolifération des motos a entraà®né une baisse du chiffre d’affaires quotidien des conducteurs de taxis. “C’est une situation embêtante. J’ai l’impression que les 2, 3 millions d’habitants de Bamako ont chacun une moto. En cinq ans, mon chiffre d’affaires quotidien a chuté de 30.000 fcfa à 15.000 fcfa”, se désole Adama.
La situation est un peu meilleure pour son collègue Bakayoko, obligé de se “réfugier” à l’aéroport pour guetter les clients qui y atterrissent. “Nous survivons à la situation, mais difficilement. Quoi qu’il en soit, ici c’est mieux. Si on a deux courses par jour à raison de 7500 fcfa chacune, c’est mieux que de circuler dans les rues”, dit-il…
source : apa