Dans quelques jours les élèves du Mali reprendront le chemin de l’école. C’est un moment d’intenses émotions pour les parents et la communauté dans son ensemble, qui considèrent l’éducation comme le meilleur moyen d’assurer l’avenir et un levier important permettant le développement du pays. Cependant, dans cette euphorie, nous ne devons jamais oublier le sort de milliers d’autres enfants privés d’école depuis des années du fait de l’insécurité dans le nord et le centre et des grèves prolongées des enseignants. L’Unicef estime que plus de 1.000.000 d’enfants ne sont pas scolarisés au Mali et plus de 500 écoles sont fermées, abandonnées ou détruites dans les régions du nord et du centre, privant ainsi des milliers d’enfants de l’accès à l’éducation.
J’ai récemment visité la région de Mopti, où les autorités éducatives ont signalé que plus de 23 000 enfants ne sont pas scolarisés et 277 écoles sont fermées. Dans l’Académie de Mopti, seule, plus de 70% des écoles sont actuellement fermées. Depuis l’année dernière, le nombre de fermeture d’écoles à Mopti a plus que doublé. Les raisons en sont nombreuses, mais indéniablement, l’insécurité croissante a joué un rôle important. La situation s’est aggravée cette année car les écoles sont maintenant des cibles de plus en plus directes. Les extrémistes mènent l’offensive contre les écoles les qualifiant de “haram”, poussant les enseignants et les autorités régionales à quitter ces zones, laissant un vide dans l’éducation.
Dans mes discussions avec les directeurs des écoles fermées, les parents, les maires et les chefs religieux de Douenza, Tenenkou et Djénné parmi d’autres communes, il apparaît clairement que les frustrations sont grandes, la confiance dans le système éducatif est érodée, et la perception de l’insécurité a augmenté, entraînant le refus de certains parents d’envoyer leurs enfants dans les écoles formelles. Cela constitue un réel motif de préoccupation et mérite qu’on s’y attarde pour éviter à ces enfants d’être une génération perdue car c’est eux qui sont les adultes de demain.
Sans éducation et sans compétence adéquate, ils pourront difficilement acquérir les outils nécessaires pour participer à l’édification du Mali post-crise. Face aux multiples défis auxquels le pays est confronté, l’éducation est la première priorité, car elle pourra garantir la paix, la cohésion sociale et la prospérité du Mali, offrir à chacun la possibilité de réussir grâce à un accès équitable à une école de qualité pourvoyeuse d’excellence, de vertu et de compétence. Il urge dès lors de parer au plus pressé et d’agir ensemble pour trouver une solution.
Parmi les mesures envisageables, il y a l’engagement des communautés pour trouver des solutions locales et appropriées pour la réouverture et la protection des écoles, le retour de l’administration au nord et au centre du pays, le renforcement des mesures de sécurité autour des établissements scolaires, la protection des enseignants, et l’engagement de faire de l’éducation l’une des priorités des actions de développement.
Le gouvernement des États-Unis d’Amérique, à travers son agence de développement, l’USAID, et en partenariat avec le ministère de l’Éducation et les partenaires locaux et internationaux, soutient la reconstruction des infrastructures scolaires, la dotation des élèves en fournitures scolaires, la formation des enseignants, et la bonne gouvernance du système éducatif à travers un engagement avec les communautés dans la gestion des écoles.
Le gouvernement américain appuie également les cantines scolaires et la mise en œuvre de programmes d’apprentissage accélérés destinés aux enfants déscolarisés et non scolarisés dans le but de les réintégrer ou intégrer dans le système éducatif formel. Ces efforts vont continuer pour soutenir les écoles avec les outils nécessaires et fournir aux enseignants une formation appropriée pour une éducation de qualité pour tous les enfants maliens.
Cependant, il incombe au gouvernement d’assurer que les enseignants sont en place et que les écoles fonctionnent. Il incombe aux communautés de participer à la gestion et la protection des écoles, et il incombe aux parents de soutenir et d’encourager leurs enfants à fréquenter et à réussir à l’école. L’éducation ne réussira que s’il existe un partenariat véritable et engagé de toutes les parties.
Par Paul FOLMSBEE