Au Mali, les discussions entre les représentants des pays ouest-africains et la junte, au pouvoir depuis une semaine, à Bamako, n’ont pour l’instant rien donné. Les deux parties se sont séparées sans parvenir à un accord sur les conditions d’un transfert du pouvoir aux civils. Les militaires avaient annoncé une transition civile dans un délai raisonnable, mal défini, alors que la Cédéao exigeait un retour immédiat à l’ordre constitutionnel.
Avec notre correspondant à Bamako, Serge Daniel
Le principal point de désaccord entre la junte et la médiation de la Cédéao porte sur la durée de la transition.
Dans un premier temps, la junte, comme base de discussion, a proposé trois ans, et ce lundi elle a proposé deux ans de transition. La médiation de son côté, selon le ministre nigérien des Affaires étrangères qui a été très actif dans les négociations, souhaite entre sept et douze mois.
Ils ont déjà proposé deux ans, ce matin. Nous trouvons que c’est trop. […] Nous considérons que c’est une avancée mais nous leur disons de faire encore des efforts et ils ne refusent pas. Ils disent qu’ils vont réfléchir.
Kalla Ankouraou, ministre nigérien des Affaires étrangères, de la Coopération, de l‘Intégration africaine.
Sur celui qui sera à la tête de la transition, qui va diriger la junte, quels seront ses membres ? Là aussi il y a quelques divergences. La médiation de la communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest souhaite un civil ou bien un militaire à la retraite.
Nous avons eu des échanges par rapport à la transition, à l’équipe de transition, au président de transition, au gouvernement. Rien n’est arrêté. Rien n’est décidé. Nous, à notre niveau, l’architecture finale de la transition sera discutée et définie entre nous. Nous avons exigé, au regard des efforts qui ont été faits, qu’ils voient aussi comment lever les sanctions.
L’institution sous-régionale part cependant avec un espoir, celui que d’ici 24 heures, avant la réunion de mercredi prochain des chefs d’États de la Cédéao par visioconférence, la junte fasse encore des efforts sur les points cités.
Cependant, la Cédéao ne repart pas totalement bredouille. Elle accepte de tourner la page du président Ibrahim Boubacar Keïta qui a affirmé ne plus être intéressé par le pouvoir. Il n’est donc plus question de le réinstaller au pouvoir. Il va être, en principe, bientôt libéré. La junte en a parlé. Elle a également demandé la levée des sanctions contre le Mali.
« La Cédéao n’est pas ici pour imposer un gouvernement au peuple malien. Que ça soit un gouvernement élu ou transitoire, la décision reviendra aux Maliens. La mission de notre délégation, c’est de faire comprendre qu’il existe au sein de la Cédéao un protocole en vigueur qui régit toute la région ouest-africaine en la matière. En cas de situation anormale, il s’applique. »
Source: RFI