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Mali : Revoir la charte des partis pour améliorer l’Offre politique

Le marché est régulé par le jeu de l’offre et de la demande. Les prix ont tendance à baisser quand l’offre est supérieure à la demande et vice versa. Le marché politique malien est passé de 1991 à ce jour par plusieurs étapes dont l’analyse pourrait aider à comprendre le bourbier actuel créé par une offre médiocre à la dimension de la plupart des leaders politiques.

 parti classe politique drapeau malien vert jaune rouge

Le Président Modibo Kéita reste une référence d’intégrité et de patriotisme

Le début des années 1990 est caractérisé par la cristallisation de trois faits majeurs qui en font une période charnière dans la vie politique malienne : la fin du régime de l’US – RDA suivie d’une dictature militaire à laquelle un autre parti unique, l’UDPM tentera de donner un visage humain, la montée puis l’exacerbation de la contestation estudiantine et populaire qui va déboucher sur les évènements de mars 1991. Bien avant cette période, l’US-RDA avait cessé d’exister en tant que parti même si certains de ses barons, après avoir survécu à la déportation et au goulag des mines de sel de Taoudénit, ont continué grâce à leur attachement au père fondateur Modibo Kéita, d’être des références de patriotisme et d’intégrité pour le peuple malien. Dans le même temps, Moussa Traoré qui s’était offert un semblant de légitimité en enterrant le CMLN et ses faucons au pied de l’UDPM, peinait à obtenir l’adhésion des cadres à ce parti à cause des longs mois sans salaires sur fond de corruption qui finiront par plomber le système. Le régime échappera de peu à une première poussée de fièvre à  la fin de l’année 1985 grâce à la guerre des pauvres déclenchée par le Burkina Faso contre le Mali, qui verra le peuple faire bloc autour de Moussa Traoré. Le répit sera de courte durée car le sommet de La Baule viendra raviver les tensions politiques et les contestations sociales.

 

L’histoire aurait pu s’écrire différemment si Moussa Traoré avait accepté le multipartisme

Que ce serait-il passé si Moussa Traoré avait, dès janvier 1991 répondu à la demande d’ouverture démocratique par l’acceptation du multipartisme et fixé dans la foulée la date de l’élection dans le courant de l’année ? L’UDPM qui était alors le seul parti politique organisé disposant de moyens financiers et matériels importants, d’hommes et de femmes sur toute l’étendue du territoire n’aurait fait qu’une bouchée de ses adversaires. L’histoire du Mali démocratique aurait ainsi pu s’écrire différemment car la contestation n’était forte que les villes et plus particulièrement dans la capitale politique. Malheureusement pour le Général, la posture adoptée va conduire à une confrontation fatale pour son régime. Alpha Oumar Konaré devient en 1992 le premier président démocratiquement élu, après une transition conduite par ATT. Cependant, pour gouverner dans la stabilité, le président Konaré est obligé de faire des compromis importants car, sa candidature avait été plus portée par la société civile (associations et syndicats) que par des partis politiques. La notoriété dont il jouissait à l’époque par rapport à ses concurrents avait fait le reste. Il fera surtout preuve d’un grand réalisme en bâtissant le parti ADEMA sur la dépouille fumante de l’UDPM, à la manière du mécanicien qui va s’approvisionner à la casse.

L’élection d’ATT sera le  fait révélateur de la déliquescence des partis politiques

ATT arrive au pouvoir en candidat indépendant au milieu d’une kyrielle de partis politiques dont la liste continue de s’allonger aujourd’hui encore au point de rappeler le fameux tonneau des Danaïdes. Ce sera le principal fait révélateur de l’état de déliquescence dans lequel se trouvent les partis politiques. En effet,  le parti politique ne se concevait plus comme une organisation créée autour d’un idéal et d’un projet de société en vue de conquérir le pouvoir d’Etat et de l’exercer, mais comme un instrument au service de la promotion personnelle du dirigeant qui en occupe la place centrale au détriment des militants. De nombreux « politiciens » se sont ainsi retrouvés sur le marché sans avoir véritablement appris le métier et sans la bénédiction d’un maître. Le constat est amer : absence de doctrine et de morale politique, ego surdimensionné, esprit de courtisan, impatience et tentatives fréquentes de déstabiliser le régime au lieu de se présenter en alternative crédible. Le plus inquiétant est que la jeune génération ne connaît presque rien d’autre de la politique que la pratique qu’en font les thuriféraires du moment. Quelle est la personnalité politique malienne à laquelle les jeunes s’identifient aujourd’hui au point de vouloir entrer en politique pour défendre un idéal ? C’est une question à mille volts qui provoque un embarras manifeste. Heureusement, il existe d’autres exutoires pour la jeunesse, notamment pour tous ces jeunes sportifs qui, sur les stades du monde entier se battent courageusement et mettent du baume dans nos cœurs affligés par l’amateurisme  et l’incurie de ceux qui s’adonnent à l’autostop politique.

Une relecture de la charte des partis politiques est indispensable pour que le citoyen perçoive enfin la politique comme un métier noble, pour que le politicien lui-même soit perçu autrement que comme un opportuniste, un corrompu et un prédateur.

 

Mahamadou CAMARA

Email : camara.mc.camara@gmail.com

Source : SOLONI

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