Le Mali veut relancer sa filière de la gomme arabique. Cette résine végétale qui provient de l’acacia est très demandée par le secteur agro-alimentaire – on en trouve dans tous les sodas – et l’industrie pharmaceutique. La gomme arabique n’est produite que dans une région au monde: la bande sahélienne. Au Mali, c’est vers Kayes au Sud-Ouest du pays que l’acacia est cultivé. Sur les 130 000 tonnes de résine vendues l’année dernière dans le monde, le Mali n’en a produit que 6 000. Alors que la demande mondiale augmente, ce pays a bien l’intention d’augmenter sa part du gâteau.
Aboubakar Makanguile est l’heureux fondateur de Deguessi vert, une plantation d’acacias de 1 250 hectares, dans le cercle de Nara, à la frontière avec la Mauritanie. Aboubakar est fier de faire vivre plusieurs familles. « Nous avons entre 30 et 50 personnes qui travaillent à temps plein, toute l’année dans la plantation, dit-il. L’année dernière, pour la période de cueillette, nous avons pris en plus 70 saisonniers pour trois mois. Ils gagnent tous entre 70 000 et 90 000 francs CFA par mois (entre 110 et 130 euros). C’est le double du Smic malien. »
C’est aujourd’hui le message qu’Aboubakar veut faire passer : la gomme arabique fait vivre. Avec d’autres membres de la filière, il parcourt la région de Kayes pour décourager les jeunes candidats à l’émigration. « Une année, plusieurs Burkinabè sont passés par Kayes sur leur chemin pour l’Europe, se plait à raconter le producteur. Au final, ils sont restés chez nous six ans. Ils ont renoncé à l’émigration. A leur arrivée, ils n’avaient que leur sacoche avec deux pantalons. Maintenant ils se sont acheté des motos, des téléphones, ils envoient de l’argent à leur famille. Ils se sont même mariés ! »
Chaque année, Aboubakar et plusieurs collègues se rendent aussi en France où ils visitent les foyers de jeunes travailleurs pour rencontrer des membres de la diaspora malienne et les convaincre de revenir tenter leur chance dans la gomme arabique.
Soutenir la filière
En 2015, le gouvernement malien lance le programme Cadre intégré: 4 milliards de francs CFA (plus de 6 millions d’euros) pour soutenir le secteur de la gomme arabique. Ce projet prévoit une formation professionnelle, la plantation de 10 000 hectares d’acacias et l’organisation de la filière.
« Le marché est dynamique, s’enthousiasme Mohamed Sidibe, du ministère du Commerce et de l’Industrie. La demande mondiale de gomme arabique n’est satisfaite qu’à 60%. Il reste donc 40% à saisir ! Sur le marché international, une tonne de gomme se vend environ 1,5 million de francs CFA (un peu moins de 2 300 euros). Un village peut produire une quinzaine de tonnes. Imaginez un peu, un revenu additionnel pareil permet de bien vivre au Mali. »
Améliorer la qualité
177 unions de coopératives ont déjà été mises en place. L’objectif est de partager les bonnes pratiques afin d’améliorer la qualité de la production.
« Le projet nous a appris des techniques de cueillette, d’emballage, de conservation et surtout de nettoyage, explique Oumar Balla Sissoko, président de l’Union des producteurs de gomme arabique de Kayes. C’est une résine végétale, recueillie sur un arbre, on ne peut pas la récolter sans les écorces. Et puis il y a la conservation. Il faut que la gomme soit stockée dans un endroit où elle ne prendra pas la poussière. Maintenant que nous sommes mieux organisés, nous avons vraiment amélioré la qualité de notre gomme et nous souhaitons partir à la conquête de marchés porteurs. »
Premier marché visé : la France qui importe de la gomme, pour la traiter et la revendre. L’Hexagone est le premier réexportateur de gomme arabique au monde. Elle vend près de 30% des volumes mondiaux échangés.
Source : RFI