Dans un rapport publié l’an dernier, la Banque mondiale prévoyait une baisse de 23 % des montants des transferts d’argent du fait de l’impact de la pandémie de Covid-19 sur l’emploi et les salaires des travailleurs migrants. Au Mali, l’argent de la diaspora représente, officiellement et selon les derniers chiffres disponibles, plus de 5 % du PIB du pays.
Avec notre correspondant à Bamako, Kaourou Magassa
Derrière le comptoir de sa boutique de transferts d’argent, Boubacar Gambi a la tête penchée sur son téléphone portable. En une heure, il n’a reçu aucun client.
« Auparavant, nous recevions beaucoup d’argent de l’étranger. On effectuait énormément de retraits à l’époque. Par exemple, je recevais une cinquantaine de clients par jour pour les retraits mais maintenant cela tourne autour de 20-22 retraits par jour », indique-t-il.
Une affluence réduite de plus de moitié comme autant d’argent en moins pour payer les frais de subsistance, d’éducation et de santé de certaines familles.
Mieux utiliser l’argent de la diaspora
Selon des chiffres compilés par le Conseil supérieur de la diaspora malienne, 77 % des Maliens à l’étranger soutiennent leurs proches.
« Nous avons jugé utile et nécessaire de tirer une bonne leçon de cette pandémie pour orienter la diaspora vers une épargne et des envois productifs et permettre ainsi à nos parents qui sont restés de créer de l’emploi et de leur permettre de dépendre d’eux-mêmes pour ne pas dépendre en permanence de ce que nous envoyons de l’extérieur », nous explique Chérif Mohamed Haïdara, président du Conseil supérieur de la diaspora malienne.
Rebondir donc pour tenter de capitaliser sur l’argent des expatriés. Malgré la baisse attendue des fonds en provenance de l’étranger, Chérif Mohamed Haïdara et ses équipes planchent, avec l’aide de leurs partenaires, sur la création d’une Banque d’investissement de la diaspora malienne.
En 2019 les transferts d’argent vers le Mali via les canaux officiels atteignaient plus du milliard de dollars, selon la Banque mondiale.
RFI