“EXPLIQUEZ-NOUS” – La ministre de la défense Florence Parly a sévèrement condamné mercredi le projet du Mali de faire appel à des mercenaires Russes du groupe Wagner.
La ministre de la Défense, Florence Parly, est très en colère. Mercredi, elle a estimé que les autorités maliennes “s’essuient les pieds sur le sang des soldats français” au moment même où l’on rendait hommage aux invalides au dernier soldat mort au Mali, le caporal-chef maxime Blasco.
Les raisons de cette colère, c’est un contrat que le gouvernement malien s’apprête à signer avec une société privée russes le groupe Wagner, pour l’envoi de 1000 soldats. Qui viendraient donc participer à la lutte contre les djihadistes en parallèle de l’action des 5000 soldats français. Le gouvernement malien qui est au pouvoir depuis un putsch au printemps dernier entretient de mauvais rapports avec Paris. Il entend se rapprocher de Moscou pour ne plus dépendre entièrement de l’armée française.
Mais tout cela est inacceptable pour la France qui a fait savoir que notre armée ne va pas cohabiter ni collaborer avec des mercenaires.
Que sait-on de ce groupe Wagner ?
On l’appelle l’armée secrète de Vladimir Poutine. C’est une société privée qui est présente partout où la Russie a des intérêts stratégiques. Des soldats de Wagner sont intervenus en Syrie au côté de Bachar el Assad, en Ukraine au côté des séparatistes russes, en Libye ou en République Centrafricaine.
En Centrafrique, ils sont accusés de nombreuses exactions. Ils assurent la protection des autorités du pays en échange de l’exploitation d’une mine. C’est en quelque sorte une guerre qui s’autofinance. Trois journalistes russes qui étaient venus enquêter sur ces magouilles ont été retrouvés assassinés il y a deux ans.
Qui sont les dirigeants de cette armée privée? Ne cherchez pas leur nom dans les registres du commerce, parce que Wagner n’est enregistré nul part. C’est une entreprise qui n’a pas d’adresse, ni de numéro de téléphone. Elle a été créée par Dimitri Utkin, un ancien des forces spéciales du renseignement militaire. L’élite de l’élite.
Mais le vrai patron s’appelle Evguéni Prigojine. On l’appelle le “cuistot de Poutine” parce que dans les années 90, il tenait un restaurant de luxe à Saint-Pétersbourg où Poutine déjeunait tous les jours. A l’époque, Prigogine sortait de prison où il avait purgé 10 ans pour escroquerie et proxénétisme. Depuis, il a fait fortune dans la restauration. Il est aussi à la tête d’une usine à Troll, une entreprise de propagande et de désinformation sur internet. C’est surtout resté un proche de Poutine, il est son bras armé clandestin qui permet à la Russie d’intervenir militairement, sans intervenir officiellement.
Les Etats-Unis aussi ont recours à des mercenaires
Mais les Russes ne sont pas les seuls à utiliser les services d’armées privées. La plus grande armée privée du monde est américaine. Elle s’appelait Blackwater et vient d’être rebaptisée “Academi”. Comme si c’était une école ou un centre de formation, alors que c’est bien un groupe de mercenaires. En anglais, on dit “Contractors”, des anciens soldats qui passent des contrats dans le privé.
Academi-Blackwater a un centre d’entraînement en Caroline du Nord qui a vu défiler 50.000 hommes. En Irak et en Afghanistan depuis dix ans, les “contractors” avaient progressivement remplacé les soldats. Ils étaient plus de 100.000 en Afghanistan.
En Irak, ils ont été responsables de plusieurs bavures. En 2007, des hommes de Blackwater avaient paniqué sur une place de Bagdad et ouvert le feu sans raison sur des civils. On avait compté 13 morts et des dizaines de blessés.
À l’époque, Blackwater employait 11.000 hommes en Irak. Un millier d’Américains, un millier d’Irakiens, et 9000 soldats venant du monde entier, y compris des Français. C’est l’international des mercenaires. Le salaire moyen de ces chiens de guerre est d’environ 1000 euros par jour.
C’est la privatisation de la guerre. Théoriquement interdite par les traités internationaux, mais dans les faits, pratiquée par les deux anciennes superpuissances, la Russie et les Etats-Unis.