Le 8 octobre, Cheikh Ag Aoussa, chef militaire et figure majeure du HCUA, était tué dans l’explosion de sa voiture à Kidal. Une semaine après, de nombreuses questions entourent toujours les circonstances exactes de sa mort.
Sa voiture a été pulvérisée à environ 300 mètres du camp de la Minusma (la mission de l’ONU au Mali), à Kidal. Ce samedi 8 octobre, il est 18h passé lorsque Cheikh Ag Aoussa, le chef militaire du Haut conseil pour l’Unité de l’Azawad (HCUA), groupe membre de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), quitte avec plusieurs ex-rebelles touaregs une réunion de suivi de l’accord de paix dans les locaux de la force onusienne.
Leur convoi de 4×4 se met en branle vers la ville de Kidal. Le véhicule de Cheikh Ag Aoussa ferme la marche. Mais quelques secondes après avoir franchi la sortie du camp de la Minusma, il explose violemment en chemin. La déflagration est puissante et ne laisse aucune chance à cette figure respectée du HCUA et de la tribu touarègue des Ifoghas.
Près d’une semaine après les faits, les circonstances exactes de sa mort sont encore inconnues. Une question centrale reste notamment en suspens : Cheikh Ag Aoussa est-il mort accidentellement en sautant sur une mine ou a-t-il été assassiné par un explosif placé dans sa voiture ? Voici les réponses des différents protagonistes présents à Kidal ce jour-là.
Pour la CMA, un assassinat qui ne fait « aucun doute »
Les différents responsables de la CMA sont formels : Cheikh Ag Aoussa a été assassiné. Pour eux, l’hypothèse que son véhicule ait accidentellement sauté sur une mine ne tient pas la route pour plusieurs raisons. D’abord parce qu’il n’y aurait pas de trou dans le sol à l’endroit où a eu lieu l’explosion. Ensuite parce que les véhicules qui menaient le convoi sont passés sans encombre. Et enfin parce qu’ils ont du mal à comprendre comment une mine a pu être posée en plein après-midi à quelques centaines de mètres des sentinelles de la Minusma.
« Il n’y aucun doute, Cheikh Ag Aoussa a été tué par une bombe placée dans son véhicule, explique Alghabass Ag Intalla, le leader du HCUA. Quand on entre dans le camp de la Minusma, il y a une fouille importante de tous les véhicules. Cela signifie que cette bombe a forcément été placée dans la voiture de Cheikh Ag Aoussa à l’intérieur du camp, pendant la réunion. Reste à savoir par qui. » Pour appuyer cette thèse, des enquêteurs de la CMA ont affirmé avoir retrouvé des aimants sur la carcasse de la voiture, lesquels auraient servi, selon eux, à fixer l’engin explosif.
Pour la Minusma, « il faut éviter de spéculer »
Dès le lendemain de la mort de Cheikh Ag Aoussa, la Minusma a officiellement « déploré cet incident » et appelé « à une action rapide pour que les auteurs de cette attaque soient identifiés ». Elle a aussi engagé une enquête interne qui devra déterminer les circonstances de la réunion du 8 octobre et évaluer le dispositif sécuritaire de son camp à Kidal.
La mission onusienne a aussi déployé une équipe d’experts en analyse d’explosifs pour tenter d’en savoir plus sur l’explosion du véhicule de Cheikh Ag Aoussa. « Il faut éviter de spéculer et de tirer des conclusions hâtives. Il faut établir les faits, chose que nous avons enclenchée avec l’ouverture de notre enquête interne », explique Radhia Achouri, porte-parole de la Minusma. Selon elle, la mission de l’ONU est prête « à coopérer avec la CMA » et se tient par ailleurs « à la disposition des autorités judiciaires compétentes » dans cette affaire.
Pour Barkhane, « pas de scénario privilégié »
Des membres de la force française Barkhane étaient présents à la réunion du 8 octobre dans le camp de la Minusma à Kidal, laquelle était consacrée à la coordination sécuritaire entre leurs effectifs, les Casques bleus, et la CMA.
Contrairement à la Minusma et à la CMA, Barkhane n’a pas officiellement réagi à la mort de Cheikh Ag Aoussa. « Nous n’avons pas de scénario privilégié pour expliquer la mort de Cheikh Ag Aoussa. Tant qu’on ne sait pas ce qui s’est passé, il vaut mieux ne pas faire de commentaire », explique-t-on à l’état-major de Barkhane, où l’on se dit également prêt à participer à l’enquête si les partenaires le demandaient.
Source : JeuneAfrique