La France, intervenue militairement en janvier 2013 pour aider l’armée malienne face à la poussée des groupes armés islamistes dans le nord, déploie 5.100 soldats au sein de la force Barkhane dans ce pays et chez ses voisins sahéliens contre les jihadistes.
Cette présence suscite épisodiquement des manifestations à Bamako, ainsi que des expressions d’animosité sur les réseaux sociaux et dans la parole de certaines personnalités.
Le rassemblement de vendredi a eu lieu au lendemain de la mort de six jeunes dans le nord-est du pays près de Talataye. Barkhane dit avoir “neutralisé” des jihadistes dans le secteur. Mais des notables locaux assurent que les jeunes tués étaient des chasseurs.
L’appel à la manifestation avait été lancé avant les évènements de jeudi par un collectif appelé “Yerewolo debout sur les remparts”.
Des jeunes surtout et quelques personnalités, dont deux membres de l’organe législatif de transition, se sont réunis vendredi. “On n’a rien contre la France, on n’a rien contre le peuple français, mais nous disons non à la présence militaire d’occupation”, a dit à l’AFP Safiatou Diarra, d’une association de femmes appartenant à la plateforme.
“Nous n’avons jamais jeté une pierre contre l’ambassade de France au Mali, mais nous sommes contre la présence militaire française au Mali. C’est pourquoi nous disons à bas la France”, a déclaré Amina Fofana, l’une des deux membres présents de l’organe législatif transitoire.
Adama Diarra, le deuxième membre présent du Conseil national de transition, a réclamé le départ des Français au profit d’une coopération militaire russe. Le Mali est dirigé par des autorités de transition dominées par les militaires qui ont renversé l’ancien pouvoir civil en août 2020. Les militaires se sont engagés à poursuivre la collaboration avec les partenaires étrangers du Mali, dont la France.
Les dirigeants français disent constamment que Barkhane est présente à la demande des autorités maliennes. Barkhane est confronté depuis jeudi pour la deuxième fois en quelques mois à des interrogations sur l’éventualité d’une bavure.
La communauté Idaksahak (touareg) à laquelle appartenait cinq des six tués à Talataye a condamné la frappe, tout comme la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA).
La CMA, ancienne rébellion armée à dominante touareg et signataire d’un accord de paix qui peine à s’appliquer, “condamne avec la dernière énergie cette bavure de plus, cette bavure de trop de la force Barkhane”. Comme la communauté Idaksahak, elle réclame une enquête indépendante dans un communiqué
Source: AFP