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Mali: l’ONU digère mal l’éviction du représentant de la Minusma à Kidal

L’organisation essaie de comprendre ce qui a amené les autorités de Bamako à déclarer indésirable Christophe Sivillon, le chef du bureau local de la Minusma. Elle prépare néanmoins sa succession.

 

La semaine dernière, à Kidal, ville malienne sous contrôle des ex-rebelles, le chef du bureau local de la Minusma, Christophe Sivillon, avait pris la parole lors du congrès du MNLA, mouvement indépendantiste et membre de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA).

En citant les invités, le diplomate onusien avait notamment parlé « de délégation venue du Mali et de l’étranger ». De nombreux Maliens avaient estimé que ces propos pourraient laisser penser que Kidal n’était pas une ville malienne. Et qu’il s’agissait d’une prime aux visées indépendantistes de certains ex-rebelles. Ces propos ont donc poussé Bamako à le déclarer persona non grata.

Grande sensibilité autour de Kidal

Officiellement, l’ONU a pris acte de la demande des autorités de Bamako de renvoyer du pays le représentant de la Minusma à Kidal, et son remplacement suivra la procédure habituelle.

Officieusement, les Nations unies sont sous le choc. Si la décision a été prise rapidement de démettre Christophe Sivillon de ses fonctions pour apaiser les autorités et la classe politique malienne, l’ONU a cherché à comprendre, comme à chaque fois qu’un pays déclare une diplomate onusienne persona non grata.

Tout d’abord, elle a analysé que la sensibilité était grande autour de la question de Kidal, une vaste zone qui est aujourd’hui contrôlée par d’ex-rebelles séparatistes touaregs. Or, les chefs d’État de la Cédéao ont mis la pression sur Bamako, lors de leur sommet à Ouagadougou en septembre, pour qu’elle reprenne la main sur Kidal. Les évocations bancales dans le discours prononcé par Christophe Sivillon ont dû irriter encore plus.

Certains diplomates à New York se demandent également si la nationalité française du chef de la Minusma n’aurait pas aussi fait de lui une cible, dans un contexte où le « sentiment anti-français » semble grossir.

Enfin, un haut responsable a confié à RFI que l’histoire était encore plus regrettable : ce discours, qui lui a coûté son poste, n’aurait en fait pas été écrit par Christophe Sivillon lui-même, mais par un stagiaire. Son erreur aurait été alors de ne pas le relire avant de le prononcer au congrès du MNLA.

Rfi

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