L’ex-rébellion touareg du nord du Mali a déclaré jeudi qu’il n’y avait “aucun moyen de construire un avenir commun” avec Bamako lors d’une cérémonie à Kidal fêtant la proclamation unilatérale de l’indépendance par un de ses principaux groupes armés le 6 avril 2012.
Cette proclamation faisait suite au soulèvement des indépendantistes rejoints par les salafistes et à la prise des grandes villes du nord, dont Kidal. Les indépendantistes avaient ensuite signé un accord de paix avec le gouvernement malien en 2015 tandis que les groupes jihadistes continuaient le combat contre l’Etat malien et que le pays s’enfonçait dans une profonde crise sécuritaire. Cet accord de paix est aujourd’hui menacé, faisant craindre une reprise des hostilités entre les anciens rebelles et l’armée malienne. Mercredi, l’ex-rébellion touareg a dénoncé comme une “provocation” le survol de la ville stratégique de Kidal, sous son contrôle, par des avions de l’armée nationale. “La solution de la séparation Mali-Azawad (nom donné au Nord du Mali par les ex-rebelles) en deux Etats totalement distincts s’impose et nous travaillerons à sa concrétisation, quoi que cela va coûter”, a affirmé Atéyoub Ag Batey, l’un des leaders du groupe indépendantiste du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA). Il a poursuivi en pointant “l’absence totale d’issue pour la mise en oeuvre de l’accord” et dénoncé “le mépris” et les “coups bas” de l’Etat malien dirigé depuis 2020 par une junte militaire. M. Batey a aussi accusé la médiation internationale, qui s’emploie depuis des semaines à rapprocher les parties, d'”ambiguïté” et de “tergiversation”. Sur des images envoyées à l’AFP par des participants à la cérémonie d’anniversaire, plusieurs hommes posent avec des armes et devant des véhicules militaires. Le MLNA avait annoncé en février sa fusion avec deux autres groupes armés du nord du Mali au sein de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA). La CMA a suspendu sa participation aux mécanismes de mise en oeuvre de l’accord de paix d’Alger et dénonce depuis plusieurs mois sa “déliquescence” en raison, selon elle, de l’absence de volonté politique de Bamako. De vastes étendues du nord sont sous le contrôle de la CMA. Cette insoumission à l’autorité centrale est un sujet majeur d’irritation pour la junte au pouvoir. Celle-ci fait de la souveraineté son mantra depuis qu’elle a pris la tête du pays par la force en 2020, a rompu l’alliance avec la France et ses partenaires contre le jihadisme et s’est tournée militairement et politiquement vers la Russie.
AFP