Ce jeudi 2 novembre coïncide avec le dixième anniversaire du meurtre de deux envoyés spéciaux de RFI, Gislaine Dupont et Claude Verlon.
Depuis 2013, le 2 novembre de chaque année est dédié à la journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre des journalistes. Cela, à travers une résolution adoptée par les Nations Unies pour rendre hommage aux deux envoyés spéciaux de RFI tués dans le nord-est du Mali en 2013. Depuis lors, le moins que l’on puisse dire c’est que l’enquête piétine.
Pourtant, tous les documents classés autrefois « secret défense » ont été déclassifiés par l’armée française et plusieurs enquêteurs français ont même fait le déplacement dans la capitale malienne. Toutefois, les tensions diplomatiques opposant actuellement Paris et Bamako rendent difficile la progression de l’enquête.
Si la plupart des membres du commando qui avait enlevé puis exécuté les deux journalistes ont été neutralisés durant la présence de l’Opération Barkhane au Mali, il en reste au moins considéré comme le N°2 du Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans (JNIM) – branche sahélien d’Al-Qaïda – en l’occurrence Sedane Ag Hita, militaire déserteur de l’armée malienne avant de se convertir en chef jihadiste.
Lors de sa libération en mars dernier, l’ancien otage français le journaliste Olivier Dubois dit l’avoir rencontré au moins une fois et qu’il semblait tout connaître sur le déroulement de l’opération. Cependant, avec le retrait de Barkhane du Mali en août 2022 et les tensions diplomatiques entre Paris et Bamako, il sera difficile d’avoir le bout du tunnel sur cette affaire.
Sa commémoration intervient dans un contexte très particulier où les armes ont recommencé à crépiter dans le nord du Mali, notamment dans la région de Kidal dont les autorités de transition entendent tout mettre en œuvre pour la ramener dans le giron de l’Etat dans le cadre du rétablissement de l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire du pays. Ce qui rend difficile la couverture de l’actualité dans cette partie du pays.
Malgré la célébration de cette journée, l’impunité contre les journalistes n’a jamais cessé. En avril dernier, un journaliste malien dénommé Aliou Touré avait disparu pendant près d’une semaine après son intervention dans une conférence de presse pour demander la libération du polémiste Ras Bath. Ce dernier avait été placé sous mandat de dépôt depuis le 13 mars dernier alors que son procès est prévu à la mi-juin 2023. Le polémiste avait qualifié d’ « assassinat » la mort de l’ancien Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga survenue il y a plus d’un an à Bamako.
Depuis janvier 2016, le journaliste malien Birama Touré n’a plus donné de ses nouvelles alors que des enquêtes ont été ouvertes et des mandats d’arrêt ont été lancés y compris contre Karim Kéïta, le fils du président déchu en août 2020, feu Ibrahim Boubacar Kéïta. De même deux autres journalistes maliens Hamadoun Nialibouly et Moussa M’Bana Dicko restent introuvables depuis leur enlèvement en 2020 dans la région de Mopti.
MD/ac/APA