Depuis de nombreuses années, le Mali est le théâtre d’une lutte acharnée contre le terrorisme, avec des implications régionales et internationales majeures. L’intervention de la France, sous l’opération Barkhane, avait été lancée pour lutter contre les groupes djihadistes dans la région sahélienne. Cependant, les événements récents ont marqué un tournant significatif dans cette lutte, avec le retrait des troupes françaises et la signature de la Charte du Liptako Gourma. Depuis le départ des militaires français fin août 2022, la majorité des Maliens, en premier lieu les autorités, ne semblent pas regretter la rupture militaire entre Paris et Bamako.
Le 10 juin 2021, le président français Emmanuel Macron annonçait le retrait progressif des troupes françaises déployées au Mali sous l’opération Barkhane. Cette décision historique a suscité des réactions variées, tant au Mali qu’à l’international. L’opération Barkhane, lancée en 2014, avait pour objectif de lutter contre les groupes terroristes opérant au Sahel, en particulier au Mali. Le retrait français a soulevé des inquiétudes quant à la stabilité de la région, car les groupes terroristes ont continué à menacer la paix et la sécurité.
Après le retrait progressif des troupes françaises de l’opération Barkhane du Mali, l’armée malienne se trouve à un tournant critique de son histoire. La montée en puissance des forces armées maliennes est un défi de taille, mais aussi une opportunité pour le pays de reprendre le contrôle de sa sécurité intérieure.
Equipement
L’un des aspects essentiels de la montée en puissance de l’armée malienne réside dans la formation de ses troupes et l’amélioration de son équipement. En effet, depuis l’installation du colonel Assimi Goïta et de son équipe, ils ont fait du réarmement moral des troupes l’une de leurs priorités pour que les militaires au front sentent que l’État, les populations les soutiennent. La preuve : les déplacements multiples des chefs militaires sur le terrain. En plus de cet aspect, les autorités louent la bravoure des FAMa. « Vu ce que les forces de défense et de Sécurité maliennes accomplissent avec le strict minimum, aucun sacrifice n’est de trop pour les doter du maximum », avait indiqué le ministre de la Défense et des Anciens combattants lors de la remise par le président de la transition des équipements militaires en début de décembre dernier. A l’occasion des 100 jours du Premier ministre, son cabinet a évoqué comme atout le renforcement des capacités, des vecteurs aériens et la poursuite de la construction des « Bulles de sécurité » pour mieux faire face à la guerre asymétrique dans le cadre de l’opération MALIKO.
Les autorités de la transition ont aussi fait de l’équipement des FAMa leur priorité. La preuve, elles ont acheté à 36 milliards de FCFA 4 hélicoptères russes de type mi-171. « Ces appareils ainsi que la formation du personnel naviguant ont été entièrement pris en charge par le budget d’État à plus de 36 milliards de FCFA », avait déclaré le ministre de la Défense et des Anciens Combattants, le colonel Sadio Camara, lors de la remise des clés par le président de la transition à l’armée de l’air. Ce sont d’ailleurs ces hélicoptères qui ont libéré des otages chinois.
En début décembre 2021, le président de la transition a remis au ministre de la Défense et des Anciens Combattants des équipements composés de véhicules tactiques de combat, d’engins blindés, de camions logistiques, d’ambulances et d’armes individuelles et collectives. Lors de cette cérémonie de remise, le colonel Sadio Camara a déclaré : « la sécurité des populations et celle de leurs biens constituent le premier axe stratégique et la première priorité de toutes les autorités de la transition.»
La montée en puissance de l’armée malienne ne peut se faire en isolement. La coopération régionale est essentielle pour lutter contre les menaces transfrontalières. Le Mali continue de travailler en étroite collaboration avec ses voisins, notamment le Burkina Faso et le Niger,
Le 16 septembre 2023 à Bamako, le Burkina Faso, le Mali et le Niger ont créé l’Alliance des États du Sahel (AES), un pacte de défense mutuelle. A cette occasion, les dirigeants de ces trois pays ont signé la Charte du Liptako-Gourma, nommée ainsi en référence à la région du Liptako-Gourma à cheval entre les trois pays et qui est au cœur des préoccupations sécuritaires du Sahel. À travers l’AES, les pays membres s’engagent à établir une architecture de défense collective et d’assistance mutuelle et à lutter contre le terrorisme et la criminalité organisée.
L’AES traduit une volonté et un effort de solidarité régionale qui tentent de rompre avec la manière dont le terrorisme et le crime organisé ont été combattus. Par exemple, l’inefficacité perçue de la Force conjointe du G5 Sahel (FCG5) et de l’opération française Barkhane a contribué au fait que le Mali ait décidé de chercher d’autres partenaires comme la Russie.
Depuis l’avènement des autorités actuelles à la tête de l’État, les forces armées maliennes montent de plus en plus à l’offensive, grâce à l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail et surtout aussi au traitement dû aux familles de soldats tombés sur le champ de l’honneur.
M. K. Diakité
Source : Le Républicain