Deux transporteurs marocains ont été tués au Mali, dimanche 12 septembre. Leur camion a été attaqué par des hommes armés à Didieni, dans le cercle de Koulikouro. On ignore l’identité des assaillants. La zone est plutôt réputée pour les actes de banditisme. Elle n’est pas spécialement fréquentée par les terroristes jihadistes, du moins elle ne l’était pas jusqu’à récemment. Mais c’est justement ce qui est en train de changer.
La commune de Didieni se trouve sur un axe sur lequel circulent énormément de marchandises qui suscitent tout autant de convoitises. Modibo Galy Cissé est chercheur à l’université de Leiden, spécialiste des enjeux sécuritaires et intercommunautaires au Mali. « Il y a de gros camions de transport, dit-il, des véhicules qui viennent d’Europe et beaucoup d’autres marchandises de seconde main importées de France, d’Europe ou des États-Unis. Le long de cette route, il y a toujours eu des attaques par le passé, des passagers dévalisés et dépouillés de tous leurs biens. Il y avait même des patrouilles de l’armée pour sécuriser ces routes ou dissuader les bandits armés. »
Mais les hommes qui ont tué les deux transporteurs marocains, dimanche, n’ont touché ni à leur camion, ni à la marchandise. L’attaque n’a pas été revendiquée.
Les groupes jihadistes ne sont pas très implantés dans le cercle de Kolokani, dans la région de Koulikouro, mais pour le chercheur Modibo Galy Cissé, l’étau se resserre : « Il y a des communes qui commencent à avoir des visites de jihadistes qui viennent prêcher dans les villages. Il y a aussi des audios qui circulent sur les réseaux sociaux, qui attestent qu’ils commencent à descendre un tout petit peu vers cette zone. Ils sont en train d’établir des bases par-ci par-là et de s’installer petit à petit. »
Avant l’été, plusieurs attaques ont suscité des tensions intercommunautaires dans le cercle, un terreau sur lequel les groupes jihadistes ont montré qu’ils savaient très bien s’appuyer pour s’implanter localement.