La visite de la délégation de la Cédéao n’aura duré que quelques heures ce dimanche 17 octobre 2021, mais elle promet un sérieux bras de fer. Le président en exercice de l’organisation régionale, le Ghanéen Nana Akufo-Addo, ainsi que son médiateur pour le Sahel, le Nigérian Goodluck Jonathan, ont été reçus par le colonel Assimi Goïta, à la tête de la transition. Aucun communiqué de la Cédéao à l’issue de cette rencontre, dont on connaissait toutefois l’objectif : rappeler au président malien ses engagements sur la tenue des élections.
Ces élections, présidentielle et législatives, ont été initialement annoncées pour février 2022, échéance à laquelle tiennent fermement tous les partenaires internationaux du Mali, Cédéao en tête. C’est ce que Nana Akufo-Addo est venu marteler, mais ce qu’il a entendu en retour n’a pas dû beaucoup lui plaire. Aucune annonce formelle dans le communiqué publié par la présidence malienne, mais le plaidoyer auquel il donne lieu, pour un allongement de la transition, est plus clair que jamais.
En effet, le président Assimi Goïta ne lui répond pas « engagement », cette durée a été fixée dans la charte de transition signée par lui-même, mais « théorie », c’est le mot employé dans le communiqué. Selon lui, cette durée de la transition relève d’une « théorie » jugée « loin des réalités objectives » et « confrontée à des enjeux multiples ».
« Unité d’action du peuple malien »
Le président de la transition affirme que « des voix s’élèvent au quotidien pour signifier la détermination des Maliens à faire prévaloir les Assises Nationales », vastes concertations qui se concluront mi-novembre et au cours desquelles le chronogramme électoral doit être précisé. Et ce en dépit du boycott de ces Assises par une grande partie de la classe politique malienne.
Le colonel Goïta évoque une « unité d’action du peuple malien » qui prônerait la prolongation de la transition et solliciterait l’accompagnement en ce sens de la communauté internationale. Et de citer, comme preuve de cette volonté populaire, des appels reçus dans l’émission de Juan Gomez sur l’antenne de RFI.
Enfin, reprenant un argument lancé la semaine dernière par le ministre malien des Affaires étrangères, la présidence cite « la situation sécuritaire globale du Mali » pour conclure : « il ressort un impératif de sécurisation des populations plutôt que de chercher à les envoyer à tout prix à des élections. »
Source : RFI