Le président du Haut-Conseil islamique du Mali, Mahmoud Dicko, affirme être en possession d’une missive signée par Iyad ag-Ghaly, annonçant un «cessez-le-feu».
C’est un tournant dans la crise du Nord-Mali. Le président du Haut Conseil islamique (HCI), Mahmoud Dicko, a confirmé ce dimanche àLibération avoir reçu une lettre signée d’Iyad ag Ghaly, leader de l’organisation jihadiste Ansar ed-Dine, dans laquelle celui-ci annonce accepter un cessez-le-feu et déclare «l’arrêt des attaques sur toute l’étendue du territoire». «Cela faisait environ huit mois que nous discutions, par personne interposée ou par courrier, a expliqué l’imam. J’ai toujours cru qu’il était possible de trouver une solution. Car après tout, nous sommes tous les deux maliens, du Nord, et musulmans.»
Le porte-parole du HCI, Issa Kaou N’Djim, a précisé que «l’authenticité du document ne fait pas de doute». Selon lui, «il y a eu des approches pour convaincre Iyad ag Ghaly de revenir à la raison. L’imam Mahmoud Dicko est républicain, patriote: ces négociations n’ont pas été une démarche solitaire. Elles ont été validées par plusieurs canaux gouvernementaux.»
Ligne rouge
Fondé par le Touareg malien Iyad ag Ghaly en 2012, Ansar ed-Dine avait eu un rôle central dans l’occupation jihadiste des villes du nord du Mali, notamment à Kidal. Traqués par les soldats français de l’opération Serval, certains de ses combattants avaient été tués en 2013, d’autres avaient rallié un mouvement signataire de l’accord de paix, le Haut Conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA), d’autres enfin s’étaient évanouis dans le désert. «Iyad», comme l’appellent les Maliens, était de ceux-là.
Cet ancien rebelle touareg dans les années 90, converti au salafisme, a dénoncé la signature de l’accord de paix entre le gouvernement et les mouvements armés, en juin 2015. Depuis, ses hommes ont continué à harceler les forces maliennes, françaises et onusiennes, sans relâche. Plus actif encore que les brigades d’Al-Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi), Ansar ed-Dine a commis des dizaines d’attaques à travers le Sahara. En août, l’organisation a publié une vidéo mettant en scène trois soldats maliens capturés lors d’un assaut dans la ville de Nampala, où 17 militaires avaient été abattus. C’est également Ansar ed-Dine qui a revendiqué la mort des trois soldats français, tués dans l’explosion d’une mine au passage de leur convoi, le 12 avril. Une ligne rouge qui rend ce revirement inattendu difficile à accepter pour les autorités. Dimanche soir, à 20h30, ni Paris ni Bamako n’avaient officiellement réagi.
Source : liberation