L’ampleur de la crise que vit notre Cher Maliba nous interpelle tous et nous devons remplir notre devoir de vérité et de courage d’actions intelligentes et efficaces face aux enjeux et défis de sortie de crise. Depuis des décennies, le Niger, la Mauritanie et l’Algérie se battent pour sauvegarder l’intégrité de leur territoire et la souveraineté de leurs Etats respectifs. Que faisons-nous au Mali ?
Pendant ce temps, les responsables maliens se distinguent par le pillage systématique des ressources du pays (les rapports sans suite du Vérificateur Général ne révèlent qu’un seul aspect des pratiques de l’Etat prédateur malien) et la complicité avec les trafiquants d’otages et de drogue du Sahara et du Sahel. Notre Etat a failli dans une démocratie pourrie. Il est temps que les Maliens cessent de se voiler la face : la sécurité des Maliens et la construction nationale relèvent de la responsabilité des Maliens.
Le Niger et la Mauritanie ont à peu près la même superficie que le Mali. La population de la Mauritanie représente le tiers de celle du Mali. Le Niger compte sur son territoire deux fois plus de Touaregs que le Mali. Ces deux pays s’assument, mais le Mali, depuis des années, argue de l’étendue de son territoire pour justifier sa carence sécuritaire. Nous, Maliens, avons démissionné et cela ne peut continuer. « Ceux qui vivent ce sont ceux qui luttent.»
A l’indépendance, les pères fondateurs avaient la vision d’un pays culturellement, politiquement et économiquement debout sur le sentier du progrès. Cela supposait l’affirmation de notre souveraineté nationale :1. Conception et application – sans aucune contrainte extérieure – de notre politique de développement économique, social et culturel à l’intérieur du pays ; 2. Etablissement de relations extérieures en fonction des intérêts de notre peuple. Une telle politique n’est praticable sans la défense de l’intégrité territoriale, du maintien de la paix et de la sécurité nationale. C’est ainsi qu’avec une volonté politique inébranlable et avec l’aide de pays amis, le Mali a forgé une armée à hauteur de souhait en fonction des contraintes géopolitiques et économiques de l’époque.
Sous les 1ère et 2ème républiques, l’armée malienne a fait face avec succès à toutes les situations conflictuelles menaçant la sécurité nationale. Sous la 3ème république, les politiques ont commis non pas une erreur, mais une faute politique grave en privilégiant la « démocratie » au détriment de la défense et de la justice. Cette politique a conduit droit le pays dans le mur :1. croissance sans développement ; 2. démocratie formelle, sans justice, sans valeurs morales. Un célèbre penseur a écrit : « le sens moral est plus important que l’intelligence ; quand il disparait d’une nation ce sont toutes les structures qui s’écroulent ». L’armée, la colonne vertébrale de la nation, a été cassée moralement et ramenée qualitativement à l’image du pouvoir politique plombé par la corruption et l’impunité.
La nature ayant horreur du vide :1. les religieux ont occupé le champ idéologique ; 2. les trafiquants de drogue et d’armes ont investi les régions nord du pays ; 3. l’ajustement structurel [sans fin] a soumis notre économie, nos rapports avec l’extérieur aux exigences des puissances d’argent.
En perdant notre souveraineté culturelle (penser par nous-mêmes et pour nous-mêmes sans contrainte extérieure) la conception et la réalisation d’un développement clef en tête n’était plus possible.
Inna Maïga
Le Démocrate