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Mali : l’Accord d’Alger en berne

Au Mali, l’application de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation issu du Processus d’Alger semble être de plus en plus problématique entre les autorités maliennes et les groupes signataires de l’Accord. Ces dernières semaines, cette situation semble avoir pris une nouvelle dimension au point que d’aucuns envisagent le scénario de 2012.

Pourtant ce processus de paix devrait jeter les bases d’une paix durable, voire définitive, entre Bamako et les ex-rebelles. Cependant, le constat est amer aujourd’hui.  Près d’une décennie après sa signature, le bilan de son application n’est pas reluisant. Pire, il continue de désunir, profondément, les parties. De plus en plus le fossé se creuse entre Bamako et les ex-rebelles. Ceux-ci ont claqué la porte du Comité de Suivi de l’Accord depuis décembre 2022 dénonçant une « véritable lenteur » dans la mise en œuvre de l’Accord et demandant une intervention de la médiation internationale en terrain neutre pour discuter des pistes de solution. Une demande rejetée par les autorités maliennes ayant estimé inopportune l’idée.

« Non-prise en compte des doléances »

Au-delà de la question liée à la lenteur du processus de mise en œuvre de l’Accord, l’autre point de discorde est relatif à la « non-prise en compte des doléances » de certains groupes signataires dans le cadre de l’élaboration de la nouvelle constitution.

Le Centre Carter a publié fin mars une note d’analyse sur l’élaboration de la nouvelle constitution en lien avec l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger. L’observateur indépendant a souligné « le sérieux blocage du processus de mise en œuvre de l’Accord qui prévaut actuellement complique aussi bien les concertations entre les Parties que les opportunités d’accompagnement du processus d’adoption d’une nouvelle constitution par le CSA et la Médiation internationale ».

La question que l’on pourrait, justement, se poser dans ce climat de méfiance politique et d’incertitude sécuritaire est la suivante : va-t-on tout droit vers le scénario de 2012 ? Des questions sous-jacentes pourraient, également, être : les conditions qui ont favorisé le scénario de 2012 sont-elles présentes en 2023 ? Les nouvelles donnes géopolitiques actuelles dans le Sahel sont-elles favorables à la configuration de 2012 ?

À l’analyse, le scénario 2012 pourrait, difficilement, être envisageable même si à la fois on assiste à l’émergence des signaux qui vont dans le sens de l’émergence du scénario de 2012. L’apparition du chef de JNIM à Ménaka en février dernier et les différents pourparlers ayant eu lieu avec des légitimités traditionnelles et le moment choisi est un élément important à prendre en compte. Il est, toutefois, important de noter, également, des nouvelles réalités qui sont d’actualité. Il s’agit, notamment, de la montée en capacité stratégique et opérationnelle de l’armée malienne. Sur le terrain de la belligérance, deux possibilités militaires sont essentielles. La liberté d’action et la capacité de concentration face à un objet militaire. Il est évident, aujourd’hui, que les forces armées maliennes jouissent de ces pouvoirs.

Profiter de l’évolution actuelle

En définitive, le recours à la force pour résoudre les problèmes n’est pas une voie appropriée pouvant donner naissance à des résultats efficients. Il n’est conseillé ni aux forces de la Coalition du Mouvement de l’Azawad ni aux forces de défenses du Mali. Au contraire, Bamako doit profiter de l’évolution actuelle des rapports de force pour imposer la paix par le dialogue.

Ibrahima Harane Diallo, Journaliste-Politologue, Chercheur à l’Observatoire sur la Prévention et la Gestion des Crises au Sahel

WhatsApp : 0022383234115

Sahel Tribune

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