La médiation internationale, dont l’Algérie est chef de file, a présenté aux parties maliennes signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation, issu du processus d’Alger, des propositions «concrètes» visant à relancer la mise en œuvre de l’accord, a indiqué hier un communiqué de la médiation.
«Conformément à l’engagement pris lors de sa réunion du 13 mars», la médiation internationale a présenté vendredi aux parties signataires «des propositions concrètes visant à relancer la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation, issu du processus d’Alger», a précisé le communiqué. Selon le même document, «la médiation internationale est convaincue que ces propositions, qui tiennent compte des préoccupations exprimées par les parties lors des différentes consultations menées au Mali et en Algérie, sont de nature à renouer la confiance et à favoriser le rétablissement d’un dialogue constructif, sous l’égide du comité de suivi de l’accord présidé par l’Algérie».
La médiation internationale «observe avec inquiétude le regain actuel de tension entre les parties signataires». Dans ce contexte, elle lance «un appel pressant aux parties pour qu’elles s’abstiennent de propos et d’actions susceptibles de compromettre les efforts consentis par la médiation en vue du parachèvement du processus de paix, traduisent en actes concrets leur attachement proclamé à l’accord et placent l’intérêt de leur pays et de son peuple au-dessus de toutes les autres considérations», a souligné le document.
La médiation internationale a réaffirmé, en outre, «son engagement total à continuer à accompagner les parties signataires et le peuple malien dans leur quête d’une paix, d’une stabilité et d’une réconciliation durables, dans le strict respect de l’unité, de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de leur pays», a conclu le communiqué.
Le communiqué de la médiation internationale intervient dans un contexte d’extrême tension entre Bamako et les groupes politico-militaires de l’Azawad (Nord malien). De nombreux observateurs estiment d’ailleurs que le processus de paix au Mali est sérieusement menacé. La crise entre les mouvements de l’Azawad et le gouvernement malien de transition a atteint son paroxysme après la révélation du contenu de la nouvelle réforme constitutionnelle au début du mois de mars.
Dans une déclaration rendue publique le 28 mars, les différents mouvements du Nord-Mali, regroupés dans le CSP-PSD (Cadre stratégique permanent pour la paix, la sécurité et le développement), ont accusé Bamako d’avoir renié ses engagements contenus dans l’Accord de paix signé en 2015 sous l’égide de l’Algérie. «Les Mouvements signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger, en l’occurrence la CMA et la Plateforme des Mouvements du 14 juin 2014 d’Alger et une partie des mouvements de l’Inclusivité, tous regroupés au sein du CSP-PSD, prennent acte de la validation du projet de la nouvelle Constitution par le président de la transition, chef de l’Etat, le colonel Assimi Goita», est-il mentionné dans cette déclaration signée par Alghabass Ag Intalla, président de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) mais aussi du bureau exécutif du CSP-PSD.
Les signataires de l’Accord d’Alger estiment que le projet de nouvelle Constitution «n’enregistre aucune évolution particulière à la Constitution du 25 février 1992, en matière de dispositions indispensables à une concrétisation des mesures législatives et réglementaires des engagements politiques et institutionnels pris à l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger».
En clair, le CSP-PSD reproche au gouvernement malien de n’avoir pas introduit dans la réforme constitutionnelle la décentralisation, élément clé de la résolution de la grave crise que travers le pays. Les mouvements signataires de l’Accord d’Alger ont rappelé dans la même déclaration que le gouvernement malien s’est engagé lors la dernière réunion de niveau décisionnelle (RND), tenue du 1er au 5 août 2022 à Bamako, à «veiller à la prise en charge intégrale de l’Accord dans la nouvelle Constitution, ceci conformément à l’article 3-chapitre 1 titre 1 dudit Accord». Mais, ont-ils affirmé, cet engagement n’a pas été respecté. «Les mouvements signataires à travers le CSP-PSD déplorent cet état de fait et déclarent solennellement ne pas se reconnaître dans ce projet de la nouvelle Constitution en son état», est-il ajouté.
Considérant qu’il y a encore «une opportunité de créer les conditions d’un consensus sur le texte avant sa soumission au référendum», la coalition des mouvements de l’Azawad a interpellé la communauté internationale sur cette nouvelle situation de crise qui s’aggrave de jour en jour.
La tension est montée d’un cran le 5 avril, lorsqu’un chasseur malien à survolé la ville de Kidal, qui abrite le quartier général de Coordination des mouvements de l’Azawad. Les ex-rebelles qui y ont vu une provocation ont effectué des tirs de sommation. Cela a fait dire à des observateurs que le Mali est plus dans une logique d’escalade que dans une logique de paix.
Source : elwatan-dz