Au Mali, plus de 78% de la population vit sans aucune forme de protection sociale. Cela dit, il y a de l’espoir. L’UTM (Union technique de la mutualité malienne), partenaire de Solidarité Mondiale et soutenu par l’Opération 11.11.11, offre déjà une assurance maladie accessible pour tous. Actuellement, 224.000 membres y sont affiliés et en perçoivent bien l’avantage.
Comment travaille l’UTM ? Y a-t-il d’autres formes d’aide ? Partons dans ce pays d’Afrique de l’Ouest pour voir ce qu’il en est. « Il y a deux ans, nous avions adhéré à l’UTM car nous avions beaucoup trop de coûts médicaux à supporter », raconte le photographe Konaté Fousseyni. « Ma mère souffre de diabète. La maladie a entrainé une perturbation de la vue et lui a fait perdre un pied. Aujourd’hui, il n’y a plus rien à faire. »
Konaté et sa maman sont maintenant membres de la mutualité. Malheureusement, ils ont attendu trop longtemps avant d’y adhérer et de consulter un médecin. L’UTM s’occupe de couvrir 70% des coûts, le reste est à la charge du patient. Les médicaments génériques, quant à eux, sont gratuits.
« Les malades doivent être soignés, mais les frais sont souvent un problème », souligne le docteur Lamine Diacide. Et il sait de quoi il parle ! Il est régulièrement confronté à des patients qui arrivent trop tard ou quand leur traitement ne peut plus vaincre la maladie. Lamine Diacide défend l’UTM : « Quand vous êtes membre d’une mutualité, vous pouvez aller vers un centre de santé au lieu d’aller chez un guérisseur traditionnel. Rien que pour une simple échographie, vous épargnez déjà huit euros ».
DIX MÈTRES SOUS TERRE
En Belgique, personne ne travaille jusqu’à ce qu’il n’en puisse plus. C’est grâce à un système de pension que la plupart des Belges peuvent se reposer et profiter de leurs vieux jours. Dans beaucoup d’autres pays, cela ne se passe pas ainsi…
Dramane Traore a 66 ans. En 1973, il a commencé à travailler en creusant des puits : « C’est un travail lourd, plus personne d’autre ne voudrait encore faire ça. » Pour chaque puits creusé, Dramane perçoit une petite rémunération. Mais c’est sans compter sur un quelconque salaire mensuel. « Pendant la saison sèche, je m’en sors un peu mieux, mais pendant la saison des pluies, c’est beaucoup plus difficile », raconte Dramane.
« Je continue à travailler ! Jusqu’à ce que je n’en puisse plus », témoigne le vieil homme au visage fatigué par une vie difficile. « Une pension, dites-vous ? Je ne sais même pas ce que c’est. J’ai une famille, une grande famille à entretenir… C’est pourquoi il faut que je continue à travailler. Quand je n’en serais vraiment plus capable, mes enfants s’occuperont de moi. C’est
aussi une des raisons pour laquelle on fait des enfants, naturellement » (rires).
Dramane a déjà entendu parler du système des mutualités, mais ne compte pas s’y affilier. « Si un membre de ma famille tombe malade, je chercherai de l’argent pour payer les soins médicaux. Mais s’affilier à une mutuelle coûte beaucoup trop d’argent », explique-t-il. « Et maintenant je ne peux pas payer ». Et si c’est pour assurer la vie de vos enfants et petits-enfants ? « Ce n’est pas que je ne veux pas, mais c’est impossible », concède-t-il. Face à ce vrai problème de difficulté à payer la cotisation, certains ont développé des initiatives innovantes, comme Konaté Djeneba, présidente du Centre communal de santé de Sandsanding. Elle est persuadée que tout le monde devrait s’affilier à la mutuelle. Son organisation aide les personnes, qui ont un budget serré, à mettre de l’argent de côté : « Dans mon groupe de femmes, je fais aussi de la sensibilisation. Pour que les femmes puissent accéder à la mutuelle de santé, nous avons développé un type de système de prévoyance. Je propose aux femmes de déposer chez nous pendant un an, tous les mercredis, au moins 100 CFA (0,15€). Au moment de payer leur cotisation pour la mutuelle de santé, elles peuvent utiliser cet argent économisé. Cela leur permet de devenir membre de la mutuelle de santé sans aucun problème ».
Source : Autre Presse