Il ne reste plus que cinq jours avant l’entame des discussions entre le gouvernement et les groupes armés du nord pour une sortie définitive de la crise sécuritaire. Chaque partie tient à afficher sa détermination pour les pourparlers mais les risques d’affrontements persistent toujours.
Le rendez-vous inter-malien pour la paix est fixé au 16 juillet à Alger. Il s’agit d’une rencontre qui n’a que trop longtemps été désirée mais toujours retardée. En effet, les pourparlers constituent, et toutes les parties s’accordent sur ce point, la seule voie pour accéder à la paix et mettre fin à une rébellion qui a de loin échappé au contrôle de ses premiers acteurs.
D’un côté comme de l’autre, on affiche sa volonté de s’inscrire dans une posture de paix et aiguise ses « armes » pour les négociations.
Pour les groupes armés, la solution se trouve dans un nouveau statut juridique qu’il faudra conférer à l’ « Azawad » (le nord du Mali) afin qu’il bénéficie d’une « certaine autogestion, une certaine autonomie de gestion à la base. Et cela, selon un membre du MNLA, ne mettra nullement en doute l’intégrité territoriale du Mali, encore moins la forme laïque de l’Etat ».
Les revendications de la rébellion ne sont pas irréalisables dans la mesure où elles respectent les « lignes rouges » fixées par le gouvernement. « Au-delà de cela, affirme le ministre malien de la communication, tout est négociable. Le Mali est prêt à échanger avec les uns et les autres sur la mise en place d’un nouveau mécanisme institutionnels, dont la vocation sera de préserver l’intégrité territoriale du Mali et d’assurer l’unicité de la Nation. Tout cela, en tenant compte de certaines aspirations pour amener un développement dans les zones défavorisées. »
Cependant, entre les discours et les faits, un contraste inquiétant s’installe. En effet, depuis quelques jours, les accusations mutuelles de violation du cessez-le-feu fusent de part et d’autre.
Le gouvernement fait état, dans un communiqué publié ce mercredi, de « concentrations militaires et même d’avancées de troupes des groupes armés dans certaines localités du Nord du Mali. »
Le gouvernement malien alerte la communauté internationale sur certaines manœuvres des groupes armés tendant à l’occupation de nouvelles positions au nord. Ces faits sont effectivement confirmés par la presse nationale qui ajoute que le drapeau de la rébellion remplace systématiquement celui du Mali dans toutes les localités passées sous le contrôle des groupes armés.
« De tels actes sont inadmissibles, selon le gouvernement malien, car constituant des violations de l’Accord de cessez-le-feu du 24 juin 2014 et des résolutions pertinentes du Conseil de Sécurité des Nations Unies. Ils interviennent à quelques jours de l’ouverture du dialogue inclusif prévu à Alger à compter du 16 juillet 2014. »
Les autorités maliennes invitent ainsi la MINUSMA « à constater ces faits et à assumer toutes ses responsabilités, conformément aux dispositions de l’accord de cessez-le feu et à la résolution 2164 du Conseil de Sécurité, notamment la protection des civils. »
Le gouvernement ne compte pas rester passif « face la gravité de la situation ». Il assure prendre « toutes les mesures à sa disposition pour éviter une escalade. »
La rébellion récuse et accuse, à son tour, le gouvernement de perpétrer des attaques sur ses positions à travers des milices qui lui seraient fidèles.
« Toutes les localités où nous sommes maintenant, nous les avons occupées entre le 21 et 23 mai, défend Attaye Ag Mohamed, un membre de la cellule de communication du MNLA. Donc, nous n’avons pas occupé d’autres villes, jusqu’à ce que nous nous rendions compte que l’armée malienne avec des groupes ethniques et aussi des groupes narco-terroristes ont essayé de se rapprocher de certaines localités et comme nous aussi, nous avions besoin de renfort, ce sont ces renforts qui se sont mobilisés à côté de là où nous sommes par exemple à côté de Gao, de Tombouctou… L’armée malienne en voyant cela a pris peur et a commencé à déclarer que nous sommes en train d’occuper toutes les localités. »
Des allégations reprises par Moussa Ag Assarid, un important soutien du MNLA, qui affirme que des « milices pro-gouvernementales » ont attaqué ce vendredi matin « un poste avancé du MNLA/MAA près d’Anéfis (dans la région de Kidal). »
Il convient d’ajouter que les milices d’auto-defense ont de tout temps proliférés dans le nord malien. Du fait de l’insécurité chronique de la zone, les populations locales, victimes d’attaques récurrentes de bandits armés, s’organisent pour protéger leurs biens des assaillants qui commettent toute sorte de crimes au cours de leurs forfaits.
Ces accusations mutuelles prouvent à suffisance que de dangereux risques planent sur le dialogue, qui, il est important de le rappeler, ne débute que le 16 juillet. D’ici là, une escalade n’est pas à exclure. Et quand bien même les parties entameront les négociations, nous ne serons jamais à l’abri d’une interruption brutale.
Les acteurs doivent comprendre que les populations maliennes ont besoin aujourd’hui de retrouver la paix. C’est la moindre des choses que les fossoyeurs de bonheur pourraient leur offrir après tant de souffrance et de terreur. Il est temps que la bonne foi conduise les discours et les actes des belligérants pour qu’enfin cette terrible page puisse être définitivement tournée.