Pendant que certaines puissances dont les États-Unis annoncent des sanctions contre le Mali, la Russie lui offre des armes et munitions ; la Chine a appelé à des efforts tant nationaux qu’internationaux pour préserver la stabilité politique de ce pays. S’agit-il d’une guerre entre puissances au profit du Mali ?
L’instabilité politique au Mali divise, même au-delà de l’Afrique. Les grandes puissances du monde sont divisées sur la question. Pendant que la France et ses alliés dont les États-Unis sont dans la logique de la CEDAO : respect de la durée de la transition ou sanction, d’autres puissances comme la Chine appellent à un soutien envers le Mali.
La position radicale de la France, des États-Unis…
La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a une position radicale sur la situation au Mali. Elle exige des autorités le respect de la durée de la transition. Elle trouve non pertinentes les raisons avancées par les autorités pour une possible prolongation de la transition. Cette position est soutenue par le conseil de sécurité de l’ONU qui a également appelé les autorités maliennes à respecter leurs engagements vis-à-vis du peuple malien et de la communauté internationale. La France est, elle aussi, appuie la CEDEAO. Elle a d’ailleurs invité les autorités maliennes à respecter leurs engagements en organisant l’élection présidentielle le 27 février 2022. Les États-Unis, très exigeants en termes de respect des principes démocratiques, se sont classés du côté de la France et de la CEDEAO. Ils ont même suspendu les avantages commerciaux au Mali. Les raisons : « L’absence de pluralisme et de respect de l’État de droit est également évoquée pour le cas du Mali, qui ne s’occupe pas selon la Maison Blanche des violations des droits de l’homme sur son territoire. À cela s’ajoute aussi pour les autorités de Bamako le non-respect des droits des travailleurs internationalement reconnus », ont expliqué nos confrères de RFI.
La position de la Russie et de la Chine
Ce ne sont pas toutes les puissances qui sont contre les autorités transitoires du Mali. Certaines leur viennent en aide. C’est le cas de la Russie. Au moment où les tensions étaient vives entre le Mali et la France sur l’affaire Wagner, la Russie a offert au Mali des armes et des munitions. « Nous sommes ici ce soir pour réceptionner quatre hélicoptères de type Mi-171, des armes et des munitions. Les armes et les munitions sont offertes par la Fédération de Russie. Les quatre hélicoptères, neufs comme vous pouvez le constater, ont été entièrement acquis sur le budget national. C’est la concrétisation d’un contrat signé en décembre 2020, entré en vigueur en juin 2021. L’extrême rapidité de l’exécution de ce contrat montre la fiabilité et le sérieux de ce partenaire qui nous a toujours donné satisfaction dans le cadre d’échanges gagnant-gagnant », avait déclaré le ministre de la Défense et des Anciens Combattants lors de la réception des 4 hélicoptères de type Mi-171, des armes et des munitions.
Pour sa part, la Chine a clarifié sa position en fin octobre. En effet, elle a appelé, devant les membres de l’ONU, à des efforts tant nationaux qu’internationaux pour préserver la stabilité politique au Mali. « Le Mali est confronté de longue date à de multiples défis. Les efforts de toutes les parties nationales et le soutien de la communauté internationale sont nécessaires pour les résoudre. La priorité maintenant est de maintenir la stabilité politique du pays et de créer des conditions pour le peuple malien de faire face à ces défis » a déclaré son représentant permanant aux Nations Unies. Selon des médias chinois, «la Chine soutient le gouvernement malien dans le processus de la transition politique et la restauration de l’ordre constitutionnel de manière ordonnée et salue les mesures qu’il a prises pour renforcer l’unité via le dialogue et encourager l’inclusivité en son sein ». M. Zhang, représentant de la Chine au Conseil de sécurité de l’ONU, a même indiqué que le calendrier de la transition politique doit correspondre à la réalité du pays. « Beijing soutient les efforts de médiation continus déployés par l’Union africaine (UA) et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et encourage les organisations régionales à renforcer leurs échanges avec les autorités maliennes afin d’établir une confiance mutuelle », a-t-on indiqué.
Pour le diplomate chinois, « des efforts doivent être déployés sur le plan politique, économique, judiciaire et social afin d’aider le Mali à rétablir l’autorité de l’État à travers le pays, à réduire la pauvreté et à éliminer les racines du conflit ». Contrairement aux États-Unis qui a annoncé des sanctions contre le Mali, la Chine, elle, plaide pour un soutien en faveur du Mali. « La communauté internationale et les pays partenaires doivent continuer de soutenir le Mali dans la lutte contre le terrorisme, le maintien de la stabilité et la protection des civils. Les pays concernés doivent renforcer leurs échanges et coordination avec le Mali dans la réorganisation et le retrait de la présence militaire au Mali, afin d’éviter tout vide sécuritaire qui pourrait engendrer un impact négatif », a-t-on lu sur Xinhuanews.
Une guerre entre les puissances au profit du Mali ?
Les positions des puissances sont divergentes sur la question. La France, non crédible pour bon nombre de Maliens qui demandent son départ d’ailleurs, est exigeante quant au respect de la durée de la transition. Les États-Unis qui tiennent de bons rapports avec la France sont aussi exigeants.
Par contre, la Russie, très réclamée par une partie des Maliens a une position différente. La Chine, beaucoup appréciée pour son amitié envers le Mali, comprend la complexité de la situation et appelle à un soutien envers le Mali. N’est-ce pas deux camps de puissances opposées sur la situation du Mali ?
Boureima Guindo