Au Mali, plus de 90% de la population sont considérées comme des musulmans. Ainsi, certains imams répètent à longueur de journées que c’est la seule religion monothéiste qui a prévu plus de droits ou de protection pour la femme. Également, notre pays a ratifié toutes les conventions internationales relatives à la protection de la femme et de la jeune fille. Malgré ceci, la femme continue d’être maltraitée, stigmatisée, vilipendée et même assassinée.
En effet, combien de femmes perdent chaque jour la vie en la donnant par manque de moyens ou de structures adéquates ? Combien de femmes perdent leur vie ou leur santé à cause de la violence conjugale ? Combien de jeunes filles dans nos villages ne partent pas toujours à l’école parce qu’elles doivent aider leurs mères dans les travaux ménagers ? Combien de vieilles femmes et parfois même des jeunes filles trimballent aux abords de nos artères à la recherche de leur pitance ? Combien de jeunes filles sont-elles victimes de viols ou d’agression sexuelle détruisant à jamais parfois leur vie de femme ? Combien de femmes sont-elles taxées de sorcellerie dans nos villages parce qu’elles n’arrivent pas à enfanter ou que leur progéniture n’arrive pas à survivre à cause de la malnutrition ? Combien de femmes n’arrivent-elles pas à se remarier après le décès de leur premier conjoint parce qu’elles sont considérées comme porte-malheur ?
Par ailleurs, combien de jeunes filles sont obligées de sortir avec des hommes mariés qui ont parfois l’âge de leurs parents pour pouvoir survivre? Combien de futures mamans pratiquent la prostitution moderne afin de pouvoir subvenir au besoin de la famille ? Combien de nos jeunes sœurs souffrent comme aide-ménagères entre les mains de nos épouses ? Combien de jeunes filles se retrouvent célibataires parce que la vie est devenue très dure et du coup le peu de garçons qui aspirent au mariage cherchent celles qui travaillent ou qui sont issues de familles aisées ?
La liste n’est pas exhaustive. À qui la faute ? Que faut-il faire ? on ne verra jamais de manifestations d’hommes politiques ou de leaders religieux dans la rue à Bamako pour dénoncer de telles situations. Et pourtant, s’il s’agit de dénoncer la fraude électorale, les moyens matériels et financiers ne manqueront pas pour assurer la mobilisation de nos pauvres mamans.
Ina Maiga
Le Démocrate