Considéré, en 1591, comme le plus grand érudit d’Afrique au sud du Sahara, Ahmed Baba a été déporté, par le commandant Djouder, au Maroc où, il dispense son enseignement durant vingt longues années aux intellectuels marocains. Après sa libération, le 27 mars 1607, par le Sultan El Mansour, il retourne à Tombouctou où il s’éteint, dix ans après.
Lorsqu’en 1591, l’expédition marocaine dirigée par le commandant Djouder entre dans la ville mythique de Tombouctou, elle est surprise d’y découvrir un savant, dont elle n’a jamais entendu parler.
Juriste, écrivain talentueux, historien et astronome…, Ahmed Baba était, à cette époque, le plus instruit des lettrés arabes. Aussi, il était le chef de la résistance contre les envahisseurs de tous ordres.
Pour parvenir à ses fins, le commandant Djouder, qui commandait les troupes marocaines dans la « Cité des 333 Saints », déporte le savant tombouctien au Maroc.
Le Sultan El Mansour, qui le connaissait de réputation, se contente de l’assigner à résidence. Ahmed Baba en profite pour dispenser son savoir aux intellectuels marocains.
Subjugués par ses connaissances, les lettrés marocains interviennent pour sa libération. Après un périple de plus de 100 jours au cours duquel, il se fracture la jambe, au niveau du fémur, Ahmed Baba arrive à Marrakech un 20 juin. Puis, poursuit sa route, vers Tombouctou où il est accueilli en héros le 27 mars 1607.
Venus d’Andalousie (actuel Espagne) et du monde arabo-musulman, des centaines d’étudiants se bousculent à sa porte pour profiter de son savoir.
Il s’éteint, dix ans après, c’est-à-dire le 22 avril 1617. On situe sa naissance au 26 octobre 1556. Bien que certains ouvrages la situent bien avant.
La plupart des soldats marocains, qui ont participé à la conquête de la ville de Tombouctou y sont restés, se sont mariés avec des femmes sonrhaï.
Appelés « Arma », « Touré », ou « Ben » … leurs descendants représentent près de 20 % de la population tombouctienne.
Venus de Tanger, Fès, Marrakech et Rabah des commerçants ont fini par s’installer dans la ville, grossissant ainsi la population de la ville.
Comme on le voit, le Mali et le Maroc sont liés par l’histoire et le sang. Liens sur lesquels les deux pays doivent s’appuyer pour booster davantage leur coopération. Dans tous les domaines.
Oumar Babi
Source: Canard Déchainé