Depuis bientôt deux mois, le torchon brûle entre le Mali et l’ancienne puissance coloniale. Entre invectives et brimades, les deux anciens partenaires ne passent plus un moment sans se tancer. Pourtant jusqu’à présent, un important contingent des forces françaises est stationné au Mali depuis presqu’une décennie.
Le ras le bol general et une contestation profonde
Ce n’est plus un secret pour personne que la présence française sur le théâtre africain en général et malien plus précisément est de plus en plus contestée par le peuple malien et surtout par sa jeunesse. Il ne se passe plus une semaine sans que des manifestations dans les quartiers chauds des villes maliennes, on ne signale des manifestations populaires en soutien au pouvoir de transition. Dirigé par le colonel Assimi Goïta, le pouvoir au Mali ne cache plus ses doutes. Pie, ses récriminations contre le gouvernement français, qu’il accuse de complaisance et grave même de collusion avec certains ennemis de la paix et de la stabilité au Mali. L’on sait clairement que depuis que les militaires français sont au Mali, les attentats s’y font de façon ininterrompue, et c’est grâce à cette pression sécuritaire accrue qu’elle entretient, qu’elle maintient et justifie la nécessité de la présence de ses troupes dans ce pays.
Déstabiliser pour mieux régner
Dans le jeu des relations internationales, le sentimentalisme est perçu comme l’arme des faibles, les intérêts étant l’enjeu principal des différents partenariats. Si entre des alliés se donnent des coups bas, allusion ici au Brexit, et aussi à la crise des sous-marins entre la France et ses alliés américains anglais et australiens, cela devient donc évident l’existence des conflits entre pays non alliés. Pour le cas de la France, dont l’économie ne survit que grâce aux rentes de ses conquêtes.
extérieures, tous les moyens sont bons quand ils lui permettent d’engranger ces profits. C’est à juste titre qu’à chaque fois qu’elle soupçonne que ses intérêts sont menacés quelque part dans le monde, qu’elle active les leviers médiatiques et diplomatiques dont les capacités de nuisance ne sont plus à prouver, pour déstabiliser ces structures politiques et sociales, afin de générer des « révolutions hybrides » et pire d’attiser des tensions ethniques et sociales favorables à l’intervention extérieure qu’il se presse de diriger. C’est ce qui se passe depuis des décennies en Afrique et notamment en Afrique francophone. On peut mentionner le cas du Rwanda en 1994, de Madagascar, du Burundi, du Burkina Faso, du Tchad, de la Centrafrique, du Cameroun et du Mali. C’est ce qui fait dire à une frange importante de la jeunesse africaine et afro descendance que « La France a toujours vécu et continue de vivre de l’économie des guerres qu’elle mène hors de ses frontières ».
La Centrafrique, l’élément déclencheur !
La situation malienne actuelle sonne comme le cantique vespéral de la débâcle française dans ses anciennes colonies. En effet, on se souvient de la débâcle française en Centrafrique, où après l’échec de la force Sangaris (05décembre 2013 au 31 octobre 2016), qui avait fait suite à de multiples accusations de viols des mineurs et de collusion avec les rebelles, hostiles à la stabilité nationale. Le président Touadéra négocie et obtient de la Russie un déploiement des troupes au pays dès 2017. Soutenue par les militaires rwandais, la Russie « nettoie » la république centrafricaine des « fidèles amis » français, les rebelles, dirigés par leur très « aimable et aimé » partenaire Bozizé François. Malgré les jérémiades et contestations de la France, soutenue par ses laquais africains(le G5, l’U.A, la CEMAC et la CEDEAO) et ses alliés de l’U.E et du G7, ces deux nations en très peu de temps, annihilent les capacités de nuisance de cette rébellion préfabriquée que les occidentaux
pilotés par la France aiment à qualifier « rebelles pro démocratie ». Elles prouvent ainsi à l’intelligence africaine si besoin était, que les troupes onusiennes et françaises impliquées dans les théâtres de conflits partout dans le monde, n’y viennent pas pour résoudre les conflits, mais plutôt pour entretenir leurs intérêts. D’ailleurs contrairement à la Russie (en Syrie, en Ossétie et Abkhazie, et en Centrafrique maintenant), les pays alliés et l’ONU impliqués dans les conflits dans le monde n’y ont presque jamais ramenés la paix (la Libye, l’Irak, le Yémen, la Somalie, le Congo démocratique…etc.). C’est donc cela qui sert de prétexte au renversement de la tendance au Mali.
L’éveil malien, une pilule que Paris a du mal à digérer.
L’inutile présence de serval et de Barkhane
Depuis près d’une décennie, les forces françaises de l’opération »Serval » (lancée en Janvier 2013 sous François Hollande) et « Barkhane » (1eraoût 2014) sont stationnées dans le sahel, notamment au Mali. La France justifie comme de coutume cette présence par l’infiltration des groupes terroristes de l’état islamique venus de Libye et de Syrie. La France, selon certains intellectuels panafricains et afro descendants, presse et obtient du pouvoir malien dirigé par IBK, une intervention française au Mali. Comme de coutume (on se souvient de la surinterprétation de la résolution onusienne par Sarkozy en Libye), la France outre passe les recommandations de cet accord (il y est clairement mentionné que l’aide française est purement une assistance aérienne et en renseignements), et envoie des troupes au sol, sous prétexte que les forces maliennes ne peuvent pas venir d’elles-mêmes à bout de cette crise.
Les faits donnent raison aujourd’hui à nos sources car, depuis que ces forces françaises (dont la présence coûte près des milliers de milliards de francs CFA au contribuable malien) sont au Mali, sans qu’on n’ait noté une quelconque amélioration de la situation. Près de huit années d’une inutile présence où des centaines de soldats maliens ont laissé leur vie dans cette trappe sans issue, et ce sans compter des centaines de civiles qui ont été des victimes voulues ou collatérales de cette guerre importée qui insupporte le peuple malien.
ASSIMI GOÏTA et Choguel Maiga le duo , patriote pour
En 2020, conscient de l’extrême complaisance de leur président Ibrahim Boubacar Keïta, mieux de sa passivité face à la France qui se comporte de plus en plus en commissaire de l’État malien, le peuple malien descend dans les rues et réclame le départ des troupes françaises. Ces manifestations sont accompagnées (chose nouvelle), des appels explicites à l’aide russe. Rappelons que cela est inédit en Afrique, qu’ un peuple explicitement et à travers une manifestation référendaire, sollicite l’appui d’une puissance étrangère dans ses affaires domestiques, ce qui illustre combien profonde est l’exaspération de la jeunesse africaine en generale et malienne en particulier. Agacée et confondue, la France par son ministre de la défense Florence Parly, comme il fallait s’y attendre, menace : « Cela ne peut pas continuer ».
C’est dans ce contexte que le colonel ASSIMI GOÏTA déboute du pouvoir IBK, puis le président Bah N’Daw après son rapprochement avec Paris au point d’en recevoir les instructions. Ses motivations exprimées convaincront la rue et il obtiendra le suffrage référendaire délivré par le peuple déployé par centaines de milliers et criant au son de « Vive Assimi, vive la transition, vive le gouvernement ! ». Et c’est en chœur que la foule répète par la voix de leur leader de situation :
« LA FRANCE ET LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE ONT FAIT NEUF ANS SANS RÉSULTAT, SANS SÉCURITÉ, SANS PROTECTION DES PERSONNES ET DES BIENS ».
Interrogé en marge de ces motions de soutien au nouveau gouvernement et à l’appel d’aide fait à la Russie, l’un des portes parole du mouvement à la tête de ces manifestations, SIDIKI Kouyaté déclare :
« Depuis qu’on a parlé de la Russie et de Wagner, la France est paniquée, elle ne dort plus. Wagner qui a aidé l’armée centrafricaine à se libérer. C’est ce même Wagner qui va travailler main dans la main avec l’armée malienne, pour libérer tout le territoire. On ne pourra pas refonder notre pays tant que la puissance coloniale est présente»
C’est donc pour s’aligner derrière les requêtes de ses concitoyens qui croulent sous cette misère millénaire, béante et entretenue que le colonel GOÏTA entreprend des négociations avec la Russie. Dès lors cela suscite l’ire de Paris qui menace de retirer ses troupes. D’ailleurs elle suspend sa coopération militaire avec le Mali, active le levier diplomatique et obtient l’alignement des institutions africaines qui lui sont inféodées, y compris l’UE. Assimi Goïta, fort du soutien de la population et mieux de la jeunesse africaine au-delà des frontières du Mali, ne cède pas au chantage français et acte la coopération avec la Russie par l’achat de quatre hélicoptères russes du type MI 171 le 1er octobre 2021. Pour l’occasion, une source proche du premier ministre de la transition CHOGUEL MAIGA déclare :
« Il s’agit de la réalisation rapide des perspectives intéressantes de lutte contre le terrorisme. Ces moyens de défense qui viennent augmenter notre parc aérien en moyen d’opération de puissance de feu. »