Pour l’ONU, ce sont essentiellement des civils qui ont été tués le 3 janvier dernier dans la frappe de Barkhane près de Bounti. Le porte-parole d’Antonio Guterres, le secrétaire général des Nations unies, fait part de ses préoccupations sur le respect du principe de précaution. À Paris, le ministère de la Défense et l’armée maintiennent que Barkhane a frappé des terroristes.
Avec notre correspondant à Bamako, Serge Daniel
La visite au Mali de la ministre française des Armées, Florence Parly, était prévue de longue date. Elle arrive à Bamako, d’ailleurs, avec au moins deux représentants de pays qui ont leurs troupes dans le septentrion malien, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Mais il est évident que le rapport de l’ONU sur la frappe française de la localité de Bounti fera partie des sujets sur la table.
Sur ce point, Paris et Bamako sont plutôt sur la même longueur d’onde. Peu après l’intervention de Barkhane, dans ce village malien de Bounti, un communiqué de l’armée malienne appuyait la thèse française. Ce sont bien des jihadistes qui ont été visés. La ministre française défendra donc ici cette version des faits.
Nous avons un rapport de l’ONU, auquel nous avons d’ailleurs contribué, qui n’avance aucune preuve, que des témoignages. Des témoignages dont on ne connait pas l’origine et dont on ne connait pas les conditions dans lesquelles ils ont été recueillis, en particulier si les personnes qui ont témoigné ont une allégeance à des groupes terroristes ou des puissances étrangères.
Dix-neuf civils tués, selon un rapport de l’ONU
Mais le rapport de la division des droits de l’homme de l’ONU dit autre chose. La frappe a visé une centaine de civils, qui participaient à une cérémonie de célébration d’un mariage, dix-neuf civils ont été tués, selon le même rapport, qui ajoute, cependant : 5 présumés jihadistes armés étaient également présents sur les lieux, dont trois ont été tués.
Le rapport de la Minusma est sans ambigüité. Il n’y a pas de doute sur le fait qu’il y ait eu une bavure à Bounty. La Minusma déclare même qu’il s’agit d’une violation du droit international humanitaire parce que les principes de distinction, de nécessité et de proportion n’ont pas été respectés par l’armée française.
Source : RFI