Lors de la dernière journée internationale des enfants soldats, l’UNICEF appelait à nouveau à mettre fin aux graves violations des droits de l’enfant. Au Mali, ce serait près de 900 enfants qui auraient été intégrés au sein des groupes terroristes depuis 2012. Recrutés de force, ces enfants sont le plus souvent employés comme chair à canon par les djihadistes.
Le 11 mai dernier, au cours d’une opération dans la région du Cercle Douentza, les FAMa ont arrêté un groupe d’une vingtaine de terroristes. Parmi eux, les militaires ont découvert huit enfants âgés de six à treize ans. Interrogés, ceux-ci ont affirmé être là pour « participer à une attaque ». Ces enfants ont été immédiatement libérés, mais combien d’autres restent encore retenus au sein des groupes armés ?.
Le plus souvent recrutés de force lors du passage des groupes armés dans leur village, les enfants se retrouvent aussi incorporés dans le cadre d’hypothétiques arrangements, obtenus sous la contrainte, pour protéger les intérêts d’une communauté ou pour préserver les biens et l’intégrité physique de leur famille. Les enfants vivent alors au rythme de ces bandes, traités sans ménagement et sans éducation, hormis quelques séquences d’endoctrinement, mais soumis à de multiples servitudes.
Si les djihadistes du JNIM et de l’EIGS exploitent ces gamins au quotidien, ils n’hésitent pas non plus à les exposer lors des actions de combat, au mépris de toute considération humaine. Ils sont d’ailleurs bien conscients que les forces qui les traquent retiendront, quand cela est possible, leurs coups contre des enfants.
Mais les terroristes ont également compris qu’en privant les enfants d’éducation cela permettait de mieux les conserver sous contrôle, de les maintenir dépendants et de les priver d’un sens critique. C’est d’ailleurs pour cette raison que des dizaines d’écoles ont été incendiées au Mali, notamment ces dernières semaines, privant ainsi des milliers d’enfants du droit de s’instruire et donc de perspectives d’avenir hors des groupes armés.
De la part des groupes armés qui emploient ces enfants soldats, c’est donc un triple crime : arracher des enfants à leur famille, les priver d’éducation et donc d’un avenir et les exposer, pour des causes abjectes, aux dangers du champ de bataille.
Boubacar Samba
Source : Malivox