Accompagné de sa ministre des Armées Sylvie Goulard et de son ministre de l’Europe et des Affaires étrangères Jean-Yves le Drian, le président Macron est arrivé, ce vendredi en fin de matinée, sur la base militaire de Gao, dans le nord du Mali.
Au bas de la passerelle, sur le tarmac : son homologue malien Ibrahim Boubacar Keïta, dit « IBK », dans son éternel boubou blanc. Car il faut préciser que le président français fait un aller-retour Paris-Gao sans passer par Bamako. Pour la petite histoire, Emmanuel Macron a appelé son homologue malien mardi dernier au téléphone pour lui dire qu’il n’avait pas le temps de passer à Bamako et s’en excuser. « Pas de problème, lui a répondu IBK. Je viendrai vous accueillir à Gao. »
Les deux chefs d’Etat se sont entretenus lors d’une rencontre bilatérale. Mais l’enjeu principal de cette visite, c’est le message qu’Emmanuel Macron, chef des armées françaises, veut adresser aux troupes de la force Barkhane.
Triple accélération
Le nouveau président français souhaite une triple accélération sur le terrain au nord du Mali. La première accélération, c’est une mobilisation encore plus forte des forces françaises de Barkhane dont il a salué le dévouement – 19 morts depuis janvier 2013 – la mobilisation aussi des autres forces étrangères, c’est-à-dire les forces de la Minusma et de l’Union européenne.
Deuxièmement, le président souhaite une application enfin tangible de l’accord d’Alger, qui a été signé il y a deux ans entre le pouvoir et les mouvements armés du Nord. Il faut agir vite et fort sur les plans militaire et politique, a dit Emmanuel Macron, lors du point de presse en compagnie d’Ibrahim Boubacar Keïta. Et dans l’entourage du président français, on ne cache pas qu’il y a des résistances à l’application de cet accord d’Alger. Non seulement dans le camp des rebelles, mais aussi dans le camp du gouvernement malien.
Enfin, la troisième accélération dont veut parler Emmanuel Macron, c’est une accélération au niveau du G5, ce regroupement des cinq pays du Sahel pour lutter contre les forces jihadistes. Un concept d’opération vient d’être mis au point. Il doit être validé dans les jours qui viennent par le Conseil de sécurité des Nations unies. L’un des objectifs c’est de sécuriser la zone des trois frontières entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso et Emmanuel Macron a annoncé ce midi que lors du prochain sommet du G5 Sahel, il s’y rendrait personnellement.
Sur le fond, donc, pas grand-chose ne change avec son prédécesseur François Hollande. Sur la forme, en revanche, le ton est plus direct. Ainsi, lors d’une nouvelle prise de parole sur la base militaire de Gao ce vendredi en fin d’après-midi, Emmanuel Macron a déclaré que la France avait une « exigence renforcée » à l’égard de l’Algérie et qu’il venait d’en parler au téléphone avec Abdelaziz Bouteflika. Beaucoup ont vu dans ces propos une allusion à l’attitude ambigue d’Alger vis à vis du chef jihadiste Iyad Ag Ghali, qui se cache à la frontière entre l’Algérie et le Mali et qui est le principal chef terroriste qui menace les forces françaises dans cette partie du pays.