Le président des antiquaires du Mali, Amadou Diabaté, promoteur de ‘’African Art Center’’ a procédé, ce mardi 16 février 2021, à la remise de deux Statues « Gwan et Dusu » au Musée national du Mali. L’évènement était placé sous la présidence du ministre de la Culture, de l’Artisanat et du Tourisme, Mme Kadiatou Konaré ; en présence du directeur du Musée national, Daouda Kéita, du représentant du Bureau de l’UNESCO au Mali, Ali Dao, ainsi que d’autres acteurs culturels.
Dans son mot de bienvenue, le directeur du Musée national, Daouda Kéita, a indiqué que ce cadeau est le fruit d’une collaboration entre deux corporations qui semblent antagoniques, mais qui se retrouvent pour la paix et l’amitié. C’est pourquoi, il a parlé d’un jour mémorable pour le Musée national. Car, dit-il, le président des antiquaires du Mali a remis à sa structure un cadeau inestimable qui mérite d’être vu et contemplé par le peuple malien. Il s’agit, dit-il, de deux statues qui ont une valeur inestimable. «Les œuvres culturelles ne sont ni à vendre ni à acheter », a-t-il tranché, avant d’ajouter que nul ne connaît la valeur marchande de ces deux statues.
De même, a-t-il fait savoir, ces deux statues représentent des éléments fondamentaux de la culture du Baniko, cercle de Dioïla. Ces éléments, a-t-il expliqué, appartiennent à la caste des forgerons. A ce niveau, a précisé le directeur du Musée national, dans ce milieu, les femmes forgerons qui n’ont pas eu d’enfants vont voir les esprits « Gwan et Dusu », et en cas de suite favorable, l’enfant porte le nom de Doussou, si c’est une fille, et de Gwatigui, si c’est un garçon. Pour lui, ces éléments méritent d’être connus et enseignés. « M. Diabaté nous a fait don de quelque chose de très important pour le patrimoine culturel »,a-t-il reconnu, avant d’inviter les autres collectionneurs à collaborer avec le Musée national pour la sauvegarde et la diffusion de nos œuvres culturelles.
De son côté, le généreux donateur, Amadou Diabaté, président des antiquaires du Mali, a exprimé toute sa fierté après ce geste jugé très patriotique. De ses explications, il ressort que le Gwan est le culte des techniques du feu, du fer et du bois que les Bamanan, notamment les forgerons du Baniko, cercle de Dioïla, intègrent parfois à leur ‘’jo’’ (fétiche). Le mot désigne le haut fourneau à partir duquel le forgeron, maître du feu, fabriquait le fer au terme d’une série d’opérations dont la plus délicate est la fonte du minerai dans le haut fourneau.
La plupart de ces opérations s’accompagnaient de rites gestuels ou sacrificiels par lesquels le forgeron sollicitait l’efficacité de son travail, la qualité du fer en cours de transformation, la protection des artisans et affirmait sa propre identité. Collectionneur depuis les années, ces deux statues, a-t-il ajouté, lui ont été offertes lors d’un séjour dans le Baniko profond en 1983. Par le passé, a-t-il reconnu, les antiquaires ont eu avec le Musée national des relations conflictuelles qui, dit-il, ce sont apaisées avec l’arrivée de Daouda Kéita à la direction. Avant de terminer, il a réaffirmé son engagement à accompagner le département pour le rayonnement de la culture malienne.
Pour sa part, la ministre Kadiatou Konaré, en amoureuse de l’art africain, n’a pas pu cacher son émotion après avoir reçu ces précieux cadeaux. Pour elle, ce cadeau constitue un message de grande fraternité et de solidarité. Au nom du gouvernement, elle a dit apprécier à sa juste valeur le geste. Elle a aussi souhaité que ce geste de Amadou Diabaté puisse inspirer certains de ces collègues du secteur. Selon elle, la restitution des biens culturels à l’Afrique doit commencer par les Africains eux-mêmes comme en témoigne ce geste du président des antiquaires du Mali.
A O
Source : Ziré