Deux hommes ont été tués par des gendarmes qu’ils voulaient attaquer jeudi dans la région de Mopti (centre du Mali), a annoncé vendredi à l’AFP l’armée malienne, une version contestée par des villageois qui dénoncent une « bavure ».
Cette annonce intervient le jour de la prorogation, pour au moins dix jours, de l’état d’urgence en vigueur au Mali quasiment sans interruption depuis 16 mois.
Selon un responsable joint à la Direction de l’information et des relations publique des armées, les deux hommes, armés, « ont été abattus par les gendarmes » à Konna, à environ 70 km de Mopti, alors qu’ils s’apprêtaient à « tirer sur poste de la gendarmerie ».
« Trois pistolets-mitrailleurs ont été récupérés sur eux. Un détachement des Fama (Forces armées maliennes) s’est rendu sur les lieux », a-t-il ajouté, sans se prononcer sur l’identité des deux hommes abattus ou l’éventuel groupe auquel ils pourraient appartenir.
D’après les premiers éléments de l’enquête, les deux hommes auraient voyagé jusqu’à Konna dans un car d’une société privée de transport.
Des villageois de Konna ont contesté la version de l’armée, assurant à l’AFP qu’il s’agissait de deux jeunes du cru victimes d’une « bavure ».
« Nous connaissons tous ces deux jeunes. Ce ne sont pas des terroristes. C’est tout simplement une bavure militaire », a déclaré à l’AFP Sékou Touré, président de l’Association des jeunes de Konna et membre de la brigade de sécurité du village.
Les deux hommes « étaient en train de manger du pain » près du poste de gendarmerie « quand ils ont reçu 5 tirs de balles des gendarmes. Ils n’étaient aucunement armés. C’est du mensonge », a-t-il expliqué en précisant que les deux jeunes venaient juste de revenir d’un déplacement pour acheter du bétail.
« Nous, jeunes, ne sommes pas d’accord avec les gendarmes » et « nous n’allons pas laisser cette affaire (en l’état) parce que des jeunes du villages (ont été) tués sans aucune raison », a ajouté M. Touré.
L’état d’urgence, qui a permis de « renforcer davantage les dispositifs de prévention et de lutte contre le terrorisme », a été reconduit en raison de « la persistance de la menace terroriste » au Mali et en Afrique de l’Ouest, a indiqué le gouvernement dans un communiqué diffusé jeudi soir.
Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda, à la faveur d’une rébellion à dominante touareg, d’abord alliée à ces groupes qui l’ont ensuite évincée.
Les jihadistes ont été en grande partie chassés par une intervention militaire internationale, lancée en janvier 2013 à l’initiative de la France, qui se poursuit actuellement.
Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes, françaises et de l’ONU (Minusma), régulièrement visées par des attaques. Longtemps concentrées dans le Nord, ces attaques jihadistes se sont étendues à partir de 2015 vers le centre, puis le Sud.