Pour le blogueur Ousmane Makaveli, les filles dans le besoin doivent avoir accès gratuitement aux serviettes hygiéniques dans les écoles publiques partout, notamment dans les noyaux ruraux du pays.
Chaque mois, durant l’année scolaire, certaines jeunes filles ne vont pas en classe pendant 3 à 4 jours à cause de leurs menstrues. Durant toute leur jeunesse, elles ne reçoivent, ni à l’école ni en famille, les informations sur la menstruation. Très souvent, les filles ont recours à des méthodes dangereuses pour se protéger quand surviennent les écoulements menstruels.
Lorsque nos cousines et sœurs nous demandent souvent de l’argent, ce n’est pas toujours pour dépenser dans des articles de beauté. Elles font des dépenses mensuelles méconnues de la plupart des hommes, car ne les concernant pas. Quelques jours auparavant, je regardais un documentaire sur le sujet sur National Geographic, qui m’a permis de réaliser que beaucoup de femmes à travers le monde souffrent des menstrues, manquent de moyens financiers et d’informations utiles pour assurer leur hygiène menstruelle.
Briser les tabous
Avoir ses règles ne doit pas être un handicap, une honte pour une jeune fille. Faute d’informations suffisantes, c’est une expérience éprouvante pour beaucoup d’entre elles quand surviennent, pour la première fois, les règles. Elles paniquent, culpabilisent et s’inquiètent inutilement. Et quand c’est en classe ou en public, elles se font railler ou insulter.
Cela ne concerne pas que les femmes. Les hommes aussi doivent être informés sur les menstruations, car ce n’est pas une maladie. C’est aussi normal et naturel que d’aller uriner. En parler aux hommes et surtout aux plus jeunes permet de comprendre la sexualité, de ne pas railler et de soutenir les filles.
Beaucoup de médias et structures en parlent, y consacre des émissions éducatives. C’est au gouvernement de faire plus et d’intégrer dans le programme d’éducation nationale, dès le primaire, l’hygiène sexuelle. C’est aussi à nous, notre rôle en tant que citoyens et internautes, d’amplifier toutes les voix qui, aujourd’hui, promeuvent l’hygiène et l’éducation sexuelle.
Enseignant du secondaire depuis cinq ans, je me suis entretenu avec Mamadou Tangara. Ses propos m’ont laissé perplexe. Il n’y a pas, à proprement parler, de cours d’éducation à l’hygiène sexuelle à l’école publique. Au secondaire, on effleure le sujet en cours de biologie. Témoin de nombreux abandons de classe par les jeunes filles pour raison de mariage précoce, de grossesse, comme l’évoque cet article de la Banque mondiale, Mamadou Tangara est fermement convaincu que des cours sur l’hygiène sexuelle favorisera l’épanouissement des enfants à l’école et dans la vie de tous les jours. Pour finir, il insiste sur la sensibilisation des parents, car eux aussi sont incontournables dans l’éducation des enfants.
Rendre gratuits les serviettes hygiéniques
Dans les zones reculées du Mali, notamment les noyaux ruraux, avoir des serviettes hygiéniques est quasiment impossible, même quand on en a les moyens : la faute à l’enclavement. C’est également dans ces zones que certaines traditions occupent une place prépondérante et laissent peu d’espace aux discours innovateurs. Alors, pour freiner l’abandon des classes par les jeunes filles en période menstruelle, il est impératif de leur fournir en serviettes hygiéniques gratuitement durant toute la scolarité.
Même en ville, les jeunes filles n’ont pas les moyens de se procurer les serviettes et sont incommodées à l’idée de demander tout le temps de l’argent à leurs parents. Au Mali, nous avons une population majoritairement jeune, et majoritairement au chômage : avoir 2000 F CFA peut souvent être un casse-tête chinois. Alors, de petits programmes de formations sur les serviettes hygiéniques réutilisables peuvent aussi se faire.
Pour Rokia Fané, étudiante de 23 ans à Bamako, les serviettes hygiéniques sont abordables : à 500 F FCA, on peut avoir un paquet. Même si la somme semble dérisoire, elle admet que les serviettes devraient être gratuits dans les milieux ruraux où le pouvoir d’achat est bas. Elle insiste aussi sur la nécessité de former les enseignants et les mamans sur l’hygiène menstruelle.
Aucune fille ne doit manquer les cours à cause de quelque chose d’aussi normal que d’avoir ses menstruations. Aucune fille ne devrait avoir à recourir à des chiffons et des tissus malpropres, qui les exposent à des maladies infectieuses lors de ses menstruations. Au Mali, les garçons aussi bien que les filles doivent avoir des connaissances sur l’hygiène menstruelle. Partout, les filles dans le besoin doivent avoir accès gratuitement aux serviettes hygiéniques.
Source : benbere