S’achemine-t-on vers une rupture définitive entre les Autorités maliennes et ivoiriennes ? Tout porte à le croire ! En effet, l’affaire des 49 mercenaires (46 actuellement) détenus à Bamako ne cesse d’élargir le fossé entre les deux pays. Les derniers épisodes de ce feuilleton (bras de fer ?) ont été enregistrés la semaine dernière avec la réaction du Conseil national de sécurité de la Côte D’Ivoire. Cette instance tout en qualifiant la détention des soldats ivoiriens de « chantage » a décidé de saisir la commission de la Cedeao. Réponse du berger à la bergère : le gouvernement malien met en garde contre toute instrumentalisation de la Cedeao.
Qu’est ce qui explique ce regain de tension entre Bamako et Abidjan, au moment où des médiations notamment celle du Togo s’activent pour éteindre le feu entre les deux pays voisins ? Cette médiation (togolaise) faut –il e rappeler a déjà réussi à faire libérer les3 dames du groupes détenus depuis le 10 juillet 2022. Pour sa part, Assimi Goïta avait déclaré la semaine dernière lors d’une audience accordée à une délégation nigériane qu’il était impérieux qu’une solution soit trouvée à cette affaire.
Cependant, le président de la transition dira à ses hôtes qu’« au même moment où la Côte d’Ivoire demande la libération de ses soldats, elle continue de servir d’asile politique pour certaines personnalités politiques maliennes » faisant l’objet de mandats d’arrêts internationaux émis par la justice.
« Malheureusement, ces mêmes personnalités bénéficient de la protection de la Côte d’Ivoire pour déstabiliser le Mali, d’où la nécessité d’une solution durable à l’opposé d’une solution à sens unique qui consisterait à accéder à la demande ivoirienne sans contrepartie pour le Mali ».
Désormais, Bamako exige d’Alassane Ouattara une contrepartie s’il veut obtenir la libération de ses « mercenaires ». Mais, au lieu de continuer à dialoguer et à négocier, le président ivoirien a choisi l’option d’engager un bras de fer à l’issue incertaine. En effet, les autorités ivoiriennes qui ont reconnu des manquements lors des dernières discussions à Lomé ont décidé de saisir la CEDEAO pour qu’elle intervienne dans le dossier. En effet, à l’issue d’une réunion extraordinaire du conseil de sécurité nationale présidé par le chef de l’Etat ivoirien : “Le président Alassane Ouattara a instruit la ministre des Affaires étrangères à l’effet de saisir la commission de la CEDEAO, en vue de la tenue dans les meilleurs délais d’une réunion extraordinaire des chefs d’État et de gouvernement pour examiner la crise entre la Côte d’Ivoire et le Mali en vue d’aboutir à la libération des soldats dans les plus brefs délais”, a indiqué le secrétaire général de la présidence Fidèle Sarassoro.
Le gouvernement malien met en garde
Cette annonce des Autorités ivoiriennes a provoqué une réponse ferme de Bamako. Ainsi, Bamako a haussé le ton : « le gouvernement met en garde contre toute instrumentalisation de la CEDEAO ». En outre, le gouvernement malien a dénoncé l’attitude ses autorités ivoiriennes : « Un revirement grave qui ne vise qu’à manipuler et à entraver la manifestation de la vérité.
Pour Bamako, Abidjan fait : « fi des conditions obscures et des manquements ayant entraîné l’inculpation par la justice malienne des « 49 mercenaires ivoiriens ». Des faits qui avaient été pourtant reconnus par la Côte d’ivoire lors de la libération des trois femmes du contingent.
Bamako rappelle que c’est en sa qualité de Président du Conseil Supérieur de la Magistrature que le Colonel Assimi Goïta a fait une proposition à la Côte d’Ivoire. Celle de mettre à la disposition de la justice malienne des personnalités maliennes réfugiées en Côte d’ivoire qui font l’objet de mandats d’arrêts internationaux. Aussi, Bamako rappelle que l’affaire des 49 militaires est une affaire bilatérale entre deux Etats.
Cette affaire avait débuté le 10 juillet 2022, par l’arrestation de 49 soldats ivoiriens à l’aéroport de Bamako. Ils ont été dès lors considérés comme des mercenaires par les autorités maliennes. Une accusation qu’avait rejetée Abidjan et qui demandait « sans délai », leur libération, soutenant que ce sont des éléments de soutien à la MINUSMA (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation du Mali), même si selon le porte-parole adjoint de l’ONU (Organisation des Nations Unies) Farhan Haq, les éléments interpellés « ne faisaient pas formellement partie de la Minusma ». le 10 août 2022, les 49 militaires ivoiriens ont été inculpé par les autorités judiciaires et placé sous mandat de dépôt, pour « des faits de crimes d’association de malfaiteurs, d’attentat et complot contre le gouvernement, d’atteinte à la sûreté extérieure de l’Etat, de détention, port et transport d’armes de guerre et de complicité de ces crimes ».
Mémé Sanogo
Source: L’Aube