Au Mali, les violences touchent aussi les enfants. Les filles sont les plus exposées en période de crise comme celle liée au coronavirus. Des voix s’élèvent pour briser l’omerta.
Comme dans la plupart des pays sahéliens, au Mali les filles sont particulièrement vulnérables aux violences basées sur le genre en temps de crise. Sur les 20 311 cas de violence sexiste recensés par l’ONU entre 2012 et 2019, 36% ont été perpétrés contre des femmes de moins de 18 ans. En 2019, 97% de femmes survivantes de violences sont signalées par des experts des Nations unies. La moitié n’avait pas atteint la majorité, indiquent les mêmes sources.
Au Mali, les violences à l’égard des femmes sont diverses et impliquent une multitude d’acteurs. Les cas les plus récurrents concernent des violences sexuelles, d’agressions physiques, des mutilations génitales, des mariages précoces, entre autres. Des acteurs armés sont soupçonnés d’avoir commis des violences contre des filles et femmes, particulièrement dans les régions du Nord et du centre du pays, foyers de l’instabilité sécuritaire. Des responsables communautaires sont également pointés du doigt.
Vulnérabilité des filles
Outre l’insécurité qui y sévit depuis des années, la pandémie de Covid-19 fragilise la protection des filles contre les violences au Mali. Dans son rapport intitulé L’impact de la Covid-19 sur les violences conjugales au Sahel, l’ONG Justice and Dignity for the Women of Sahel (JDWS) a attiré l’attention des décideurs de la région sur la vulnérabilité des filles en cette période de pandémie où les écoles sont fermées, exposant les enfants aux violences physiques, psychologiques ainsi qu’à l’exploitation à des fins économiques ou aux mariages précoces.
Dans une interview accordée à Benbere début juillet, Aïda Hamahady Oualate, la présidente de l’organisation non gouvernementale, avait plaidé pour un renforcement de la protection des filles durant la crise sanitaire, notamment au Mali. Elle a encouragé le gouvernement du Mali à créer un environnement qui protège les droits des enfants, particulièrement ceux de la fille, en mettant un accent sur leur scolarisation.
Plusieurs écoles sont fermées au Mali à cause de l’insécurité, privant de milliers d’enfants de leur droit fondamental à l’éducation. Cette situation affecte plus les filles, dont la plupart finissent par décrocher et se marier très tôt. « Des actions fortes doivent être entreprises pour protéger les filles dans ce contexte de crise sanitaire », estime la patronne de l’ONG de défense des droits des femmes.
Source : Benbere