Amnesty International a alerté, mercredi, la Cour pénale internationale, sur le massacre de Moura qui constitue selon elle l’évènement le plus meurtrier contre des civils depuis le début du conflit au Mali en 2012, a déclaré Samira Daoud, Directrice régionale pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre à Amnesty International.
Dans un rapport rendu public vendredi dernier, le Haut-Commissariat aux droits de l’Homme des Nations unies (HCDH) a accusé, les forces armées maliennes et des militaires étrangers d’avoir tué plus de 500 personnes, dont la grande majorité a été sommairement exécutée au cours d’une opération militaire de cinq jours dans le village de Moura, dans la région de Mopti, au centre du Mali, en mars 2022.
Samira Daoud a, en outre, souligné que « les auteurs des tueries à Moura doivent être poursuivis et jugés devant un tribunal compétent ».
« Nous dénonçons l’impunité ambiante au Mali et la poursuite des violences par les parties belligérantes contre les populations civiles du Centre du pays, en particulier. Les parties au conflit au Mali, l’armée malienne et ses alliés tout comme les groupes armés, ont l’obligation de respecter le droit international humanitaire. Les crimes visant les civils, tels que les exécutions extrajudiciaires, les viols et autres violences sexuelles, sont absolument prohibés » a déploré la même source.
Le 13 mai courant, les autorités maliennes ont dénoncé le rapport onusien précisant qu’« aucun ressortissant civil de Moura n’a perdu la vie durant l’opération aéroportée ». Elles ont également annoncé l’ouverture d’une enquête contre la mission d’établissement des faits du Haut-Commissariat aux droits de l’Homme des Nations unies pour espionnage, atteinte à la sécurité de l’État et complot extérieur.
Amnesty International a indiqué que « les crimes commis à Moura documentés dans le rapport du Haut-Commissariat aux droits de l’Homme des Nations unies (HCDH) pourraient constituer des crimes de droit international » soulignant que « si le HCDH rapporte la présence à Moura d’une trentaine de combattants d’un groupe armé, la Katiba Macina, le 27 mars 2022, jour de la foire, celle-ci ne saurait justifier les exécutions extrajudiciaires, viols, et pillages commis par les forces armées maliennes contre les habitants et forains piégés par leur siège ».
AA/Bamako/Amarana Maiga