L’ex-chef de la junte malienne Hamadou Haya Sanogo et ses co-prévenus restent derrière les barreaux. La justice a refusé leur demande de remise en liberté provisoire. Ils attendent toujours l’organisation de leur procès dans l’affaire de l’assassinat en 2013 de 21 bérets rouges, retrouvés dans un charnier près de Bamako. Tous sont inculpés d’assassinat et de complicité d’assassinat.
Un premier procès d’Amadou Haya Sanogo et de ses seize co-accusés s’est ouvert à Sikasso dans le sud du Mali, en novembre 2016. Avant d’être reporté sine die. Depuis, aucune nouvelle.
Cette affaire n’a jamais été entre les mains de la justice, mais dans celles des politiques, voilà ce que martèle la défense. Cela fait à présent plus de quatre ans que les prévenus sont détenus, toujours en attente d’un procès, un délai illégal selon leurs avocats. « Un manque de courage » même, pour Maître Tiésssaolo Konaré, qui affirme que « conformément au droit, ces gens sont arbitrairement détenus ».
La justice ne semble en effet pas pressée de juger l’ex-chef de la junte malienne, c’est du moins ce que pense Madina Sissoko Dembelé, l’épouse d’un des accusés, qui était à Sikasso en novembre 2016. « C’était une session fictive, parce que rien n’était prêt. Il n’y avait aucun document qui était ficelé pour pouvoir tenir cette session. Nos maris sont détenus depuis quatre ans, on vient d’entamer la cinquième année. Nous n’avons qu’une seule revendication, c’est d’obtenir un procès dans les plus brefs délais », explique t-elle à RFI.
La crainte des familles de victimes
Les victimes aussi réclament un procès, mais ne veulent surtout pas voir les accusés dans la nature. Ismaïla Fané, porte-parole du collectif des 21 bérets rouges assassinés, a « peur » d’une possible liberté provisoire. Le problème « c’est que les parents des victimes ne sont pas protégés » à Sikasso et seraient « en insécurité totale » en cas de libération des accusés.
La Cour n’a pas encore motivé ce refus de mise en liberté. Mais lors des précédents renvois, la justice avait effectivement estimé que la libération d’Amadou Haya Sanogo et des co-prévenus pourrait compromettre la sécurité des témoins.
RFI