Ancien combattant de la Deuxième Guerre Mondiale (1939-1945), Kaba Doumbia vit dans le quartier populaire de Ouolofobougou-Bolibana (Bamako) au milieu de ses dix enfants – tous quasiment au chômage – et petits-enfants dans une maison entièrement en banco et datant de la période coloniale. C’est dire que les conditions de vie de ce patriarche, qui s’est pourtant sacrifié pour la libération de la France, sont loin d’être enviables. Avec une pension d’ancien combattant de 220 192 FCFA seulement par semestre, il n’a même pas de quoi s’acheter ses propres médicaments a fortiori subvenir aux besoins essentiels de sa famille.
n août 2014, les autorités françaises, à travers leur représentation diplomatique dans notre capitale, avaient invité le sieur Kaba Doumbia, vétéran de la guerre 39-45, à l’anniversaire du débarquement de Provence. Au cours de la cérémonie commémorative de cet événement historique, le 15 août 2014 à Toulon, c’est le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, qui remit en personne la Légion d’Honneur à notre compatriote Kaba Doumbia.
Le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, également invité à cette cérémonie, avait exprimé toute sa fierté en voyant un Malien, ancien combattant de la Grande Guerre, recevoir cette haute distinction.
Le chef de l’Etat avait alors remis une enveloppe de 1000 euros – équivalant à 655 000F CFA – à celui qui a fait la fierté de l’ensemble du peuple malien ce jour-là. Certainement que le président IBK ignorait, lui aussi, que le vétéran malien ne percevait du Trésor français que 220 192 FCFA par semestre soit 36 680 FCFA par mois. C’est-à-dire un peu plus que le SMIC au Mali et beaucoup moins que le SMIG en France.
Un oublié de la France
En plus, Kaba Doumbia n’a commencé à percevoir cette soit disant pension d’ancien combattant qu’à partir de 1980. Alors que la Seconde Guerre mondiale est terminée depuis quand ? C’est dire que l’intéressé a été oublié non seulement par la France elle-même mais aussi par les autorités maliennes que son sort ne semble nullement émouvoir.
Pour preuve, après son séjour en France où la Légion d’Honneur lui a été décernée, aucun officiel ne l’a reçu malgré ses multiples sollicitations. A part l’ancien et éphémère ministre de la Défense Ba N’Dao qui lui a rendu visite et avait promis de l’aider à régler cette question de pension. En effet, personne ne comprend pourquoi l’ancien combattant est-il logé dans cette catégorie avec cette modique somme que l’ambassade de France ne lui verse, d’ailleurs, qu’au terme de chaque semestre.
Réparer une injustice flagrante
Selon des sources concordantes, aucun ancien combattant – et dire que Kaba Doumbia est l’un des rares encore en vie – ne perçoit un montant si insignifiant si ce n’est notre vétéran.
Maintenant, seule l’ambassade de France au Mali ou le ministère français chargé des anciens combattants pourra édifier voire réparer cette injustice, car c’en est assurement une. Quant au ministère de la Défense et des Anciens combattants du Mali, il est également interpellé sur la question. Dans la mesure où le doyen Kaba Doumbia n’a aucun moyen pour constituer des avocats pour défendre sa cause. Comme cela est généralement le cas, dans l’Hexagone, pour entrer dans ses droits. Affaire à suivre.