L’association ‘’Hakili Djiguiya’’ a organisé une conférence débat sur les maladies mentales, le 30 mars au parc national du Mali. La conférence vise à sensibiliser la population sur les troubles mentaux et plaider pour une meilleure prise en charge auprès des autorités.
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), sur le plan mondial, près de 500 millions de personnes sont atteintes de troubles mentaux, neurologiques ou souffrent de troubles psychosociaux souvent associés à l’alcoolisme ou à la toxicomanie. Ces malades seront la deuxième cause de mortalité ou de handicap d’ici 2020.
Au service psychiatrique de l’hôpital du Point G, deux milles consultations sont enregistrées chaque année. Pas forcément de cas de maladie, mais un premier contact avec le service, précise l’un des conférenciers, Dr Joseph Traoré, psychiatre clinicien à l’hôpital Point G qui ajoute que rares sont les familles à l’abri des troubles mentaux au Mali. Ils touchent tous les âges, toutes les catégories socioprofessionnelles. Malgré tout, la prise de conscience n’est pas à la hauteur de la gravité. Beaucoup de personnes ont encore une perception métaphysique des troubles mentaux.
Seuls quelques cas sont convenablement diagnostiqués et traités, déplore le praticien, attribuant ce déficit à la stigmatisation, la honte, la peur mais aussi à la méconnaissance des symptômes et manifestations des maladies mentales par les populations. C’est pour parer à ces obstacles que l’association Hakili Djiguiya a vu le jour. En plus de la sensibilisation au tour des troubles mentaux, l’association plaide également pour l’amélioration des services destinés aux malades mentaux.
Mme Coulibaly Mafouné Koné, la présidente de l’association et parent de déficient mental, rappelle que les familles ont besoin de soutien pour faire face à la stigmatisation, pour faire face à la prise en charge. La prise en charge est extrêmement difficile et coûteuse, en termes financiers et de ressources humaines.
Le Mali compte 17 psychiatres pour près de 20 millions d’habitants. Ils sont repartis dans les deux services spécialisés : le service psychiatrique de l’hôpital de point G, la polyclinique des armées de Kati et dans les antennes de santé mentale de Koutiala, Ségou, Sikasso et Bougouni. Le coût du traitement n’est pas à la portée de tous.
Les manifestations les plus fréquentes au Mali sont : la psychose, les troubles de l’humeur, les troubles anxieux, la toxicomanie, l’adduction, l’épilepsie, la démence, la Schizophrénie, l’état de stress post traumatique…Les causes sont multiples : génétiques, biologiques, psychologiques ou encore le dysfonctionnement familial.
Des pratiques simples permettent de prévenir les troubles mentaux, selon les professionnels de santé mentale. Il s’agit d’une bonne hygiène de vie, la pratique régulière d’une activité physique, les relations familiales et la communication au sein de la famille. ‘’La guérison clinique est facile, mais la guérison sociale très compliquée’’, prévient Dr Joseph Traoré. Tout comme le psychiatre, Dr Ibrahim Haidara, psychologue et promoteur du premier cabinet de psychologie au Mali, estime que l’entourage joue un rôle important dans la perception et la prise en charge de la maladie.
Aly BOCOUM
Maliweb