Le CNID de Me Mountaga Tall vient de suspendre sa participation au sein de la majorité présidentielle. Il rejoint ainsi une longue liste de partis politiques ayant quitté la convention de la majorité présidentielle (CPM). L’ADP-Maliba fut le premier à ouvrir le bal, suivi du parti Sadi de Oumar Mariko. Puis ce fut les tours de Racine Thiam (CAP) de claquer la porte au bénéfice de l’URD, et de Moussa Mara qui a mis fin à la participation de son parti YELEMA aux activités de la CMP. Même l’Adema, principal soutien du RPM, est traversé par des velléités de rupture. Au même moment, la formation présidentielle (RPM) n’échappe pas à la saignée. Plusieurs députés ont quitté le parti, notamment le très populaire Niamé Keïta, élu à Nara.
La Convention de la Majorité Présidentielle (CMP) est de plus en plus confrontée aux départs de plusieurs de ses membres qui veulent prendre leur distance avant la présidentielle de 2018. Ainsi, les alliés du président Ibrahim Boubacar Keita sont en train de le lâcher au fur et à mesure que s’approche la fin du mandat. Les grandes manœuvres ont donc désormais commencé pour la clarification du jeu surtout de la part de tous ceux qui veulent jouer les premiers rôles.
La première saignée enregistrée par la majorité présidentielle fut celle de l’ADP-Maliba, un parti politique créé en 2013 avec quatre députés, qui, au sortir d’une réunion extraordinaire, le 11 juillet 2016, a décidé de suspendre sa participation à toutes les activités de la majorité présidentielle. Quelques jours plus tard, il claque définitivement la porte de la Convention de la majorité présidentielle.
Le président du parti, Amadou Thiam, avait justifié cette décision lors d’une conférence de presse. «Nous voulons un Mali nouveau promis à nos compatriotes, un Mali qui défend ses intérêts, ses valeurs, son mode de vie ; qui s’appuie sur sa jeunesse et qui ne s’en remet pas à un clan ou à l’étranger pour fixer son destin, mais à la justice, à l’éducation, à la solidarité et la création équilibrée de richesse. Nous ne nous reconnaissons plus dans cette majorité…», avait-il déclaré. Et le président du parti, Amadou Thiam, d’ajouter que «la situation générale du pays est inquiétante à bien des égards ».
Le processus de paix est à la traine, l’économie nationale ne profite pas aux populations, l’image du pays est fortement écornée par des scandales à répétition restés impunis. L’ADP – Maliba fut vite rejoint par Sadi pour former un nouveau groupe parlementaire. Pour le leader de ce parti, Oumar Mariko, son départ de la majorité est le résultat de l’échec de la gouvernance de IBK. «Depuis 2012, ce sont les mêmes personnes et le même parti ».
Il a dénoncé les mauvaises pratiques orchestrées à l’Assemblée nationale, en faisant allusion au cas des députés bénéficiaires de marchés en violation flagrante des textes, des recrutements… Autant de dérives financières à propos desquelles les députés tapis sous le couvert de la majorité présidentielle ne veulent pas que lumière soit faite. Oumar Mariko s’interroge si nous sommes toujours dans une République bananière.
Surviendra ensuite la démission de Racine Thiam de son poste de Directeur de la communication de la Présidence, suivie, le 28 octobre dernier, de la formalisation de son rapprochement avec l’URD, principal parti de l’opposition. Une divergence de vues dans la gouvernance du pays aurait motivé ce départ. Puis vint le tour du parti Yelema de l’ancien Premier ministre Moussa Mara de lâcher ses alliés d’hier, le 8 juillet 2017. Retrait acté lors du 2è congrès du parti, les 18 et 19 novembre 2017 à Mopti. Contrairement au CAP, Yelema n’a pas rejoint l’opposition, préférant adopter une position médiane
Dernière fissure au sein de la majorité présidentielle, le départ du Congrès d’initiative démocratique (CNID- Faso Yirawa Ton. Selon le président du CNID, Mountaga Tall, cette décision est la suite naturelle des événements.
« La CMP a été créée pour le mandat en cours qui tire vers sa fin. Aucun engagement n’a été pris pour un autre mandat. Il ne serait pas loyal d’attendre le dernier moment pour se retirer. Et envisager autre chose », a-t-il expliqué.
En outre, l’Adema-Pasj, principal allié du RPM au sein de la majorité, connait de fortes tensions suite à la désignation ou non d’un candidat par le parti pour la prochaine présidentielle. Compte tenu des cassures précédentes au sein de cette formation politique, il faut craindre une nouvelle saignée dans la grande famille des Abeilles tant les protagonistes de la crise, perchés au sommet ou embusqués dans l’antichambre du Comité exécutif, ont des agendas et/ou des intérêts diversement opposés.
Comme pour ne rien arrangé en cette situation, le Rassemblement pour le Mali (RPM), formation dont est issu le chef de l’Etat, n’est pas non plus épargné par les secousses. Depuis le début de la législature en 2013, plus de 5 députés ont claqué la porte du parti présidentiel. La dernière en date est celle de l’honorable Niamé Keita, élu de Nara.
Ces départs font grincer les dents au sein de la CMP qui voit en ceux-ci l’affaiblissement du pouvoir à quelques encablures de la présidentielle. Pour les uns, c’est le signe de la mauvaise gouvernance au sommet de l’Etat. Pour preuve les scandales à répétition, notamment l’achat du Boeing présidentiel, les engrais frelatés, la délinquance financière… Bref, le régime n’a pas su donner une réponse aux attentes légitimes du peuple malien.
Ne voulant pas cautionner une situation pourrie à l’avance, ces leaders politiques ont tout simplement plié bagage.
Une autre lecture à ces départs s’explique par l’ambition de certains chefs de partis de se présenter aux élections à venir. Les gens ont composé avec la majorité, mais avec l’approche des élections, certains choisissent de partir pour se présenter.
Mémé Sanogo
L’Aube