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Maintien des sanctions de la Cedeao pour le Mali : Vers un bras-de-fer à l’issue imprévisible

Réunis le 25 mars à Accra, au Ghana, les chefs d’État de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) se sont penchés sur le retour à l’ordre constitutionnel au Mali, au Burkina et en Guinée.

Sous la houlette de son président en exercice, Nana Akoufuo Addo, l’organisation ouest-africaine a menacé de sévères sanctions les membres du gouvernement et du Conseil national de transition (CNT) de Guinée, ainsi que le colonel Mamady Doumbouya, si un «calendrier acceptable pour la transition» n’est pas présenté avant le 25 avril 2022. La Cedeao a fait part de ses «graves inquiétudes» au sujet de la durée de la transition en Guinée-Conakry, relevant au passage le non-respect du premier calendrier de six mois précédemment annoncé pour la tenue d’élections. En septembre, elle avait déjà décidé le gel des avoirs financiers des membres de la junte guinéenne et de leurs familles.

En ce qui concerne le Burkina, des «sanctions individuelles» contre les autorités de Transition pourraient également intervenir si l’ancien président Roch Marc Christian Kaboré n’est pas libéré d’ici au 31 mars 2022. Dans le même sillage, l’organisation a également réclamé un délai «plus acceptable» que les 36 mois jusqu’ici retenus pour le retour à l’ordre constitutionnel au Burkina Faso.

Attendu avec beaucoup d’enthousiasme, le conclave extraordinaire des chefs d’Etat de la Cedeao, cinquième du genre, n’a pas non plus débouché sur un dénouement en ce qui concerne le Mali. Les espoirs de levée des sanctions, consécutifs au verdict de la Cour de justice de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), laquelle a ordonné leur suspension, se sont finalement douchés par le statu quo. En effet, en l’absence de la délégation malienne, les chefs d’Etat de la Cedeao, tout en déplorant le rejet de leur invitation par le Président de la Transition, ont décidé de maintenir inchangées les sanctions en ordonnant unilatéralement retour à l’ordre constitutionnel dans un délai de 12 à 16 mois. C’est dire que l’échéance de 24 mois précédemment consentie par les autorités maliennes de Transition, à l’issue des récentes transactions avec le médiateur de la CEDEAO, est rejetée d’un revers de main par cette organisation qui dénonce au passage l’absence d’actes concrets de sortie de l’impasse pendant 18 mois écoulés. La Cedeao promet, toutefois, une levée progressive des sanctions économiques et diplomatiques infligées au Mali, sous en condition de la présentation par les autorités de Transition d’un calendrier “acceptable” d’organisation d’élections pour le retour des civils au pouvoir.  Pour ce faire, les discussions seront poursuivies avec les autorités maliennes en vue d’en convenir, quoique le sommet soit intervenu seulement une semaine après l’échec des négociations avec le médiateur Goodluck Jonathan, qui était reparti du Mali sans accorder les violons avec la junte sur un calendrier de retour des civils à la tête du Mali.

A l’issue de la visite de l’ancien président Nigeria, le gouvernement s’était prévalu de l’effort de ramener de 4 ans à 24 mois la prolongation de la Transition, tout en dénonçant l’intransigeance et la raideur du médiateur sur un délai de douze mois. Sauf que dans son communiqué sur le sujet, le gouvernement de Transition plaide également pour une incompressibilité des 24 mois consentis, ce qui préfigure un bras-de-fer à l’issue imprévisible pour la capacité de résilience de populations sur laquelle compte la partie malienne pour résister aux pressions de la CEDEAO. Le dénouement va-t-il intervenir finalement par l’ultime solution qui semble se mijote, à savoir : le retrait du Mali de l’organisation ?

Amidou Keita

Source: Le Témoin

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