Selon l’autorité morale du M5-RFP, il y a une volonté de la Cedeao de mieux faire dans la crise malienne. Car après les médiations, une conférence des chefs d’Etat s’est réunie le lundi 27 pour prendre des décisions importantes. Mais il est très clair là-dessus, le dernier mot revient aux Maliens.
«Qu’on aille à l’Union africaine ou ailleurs. C’est vrai que nous faisons partir des organisations, mais pour que nous soyons dans les organisations, il faut que nous soyons le Mali d’abord. Le dernier mot revient toujours au peuple souverain. Quelle que soit la nature des décisions qu’on va prendre», a-t-il indiqué.
Sur les perspectives en terme de sortie de crise, il dira que la solution pour lui, c’est d’abord avoir la volonté de sortir de cette crise. Ce qu’ils ont toujours demandé au chef de l’Etat.
«Quand les gens ont demandé sa démission, c’est moi qui me suis mis à les démarcher pour leur dire qu’on ne peut pas demander cela. Et que cela va mettre le Mali dans une crise très difficile. Nous n’avons pas besoin de ça. C’est notre frère, c’est notre président. Mais si nous avons des exigences, des demandes d’amélioration de gouvernance, on pose le problème et avec lui, on va discuter. Et c’est ce qui a poussé les gens à faire un mémorandum qui lui a été transmis, dont la réponse n’a pas été à hauteur de souhait. Et c’est ce qui a compliqué tout ça, en réalité», a-t-il rappelé.
Pour lui, si demain il y a une volonté, il est persuadé qu’au Mali, une solution entre Maliens peut être trouvée à ces problèmes. Et que ce n’est même pas la peine d’en faire un problème auquel toute l’Afrique doit se mêler.
«Nous avons observé une trêve, après la fête de la Tabaski, si les choses n’évoluent pas, nous allons certainement évaluer et voir la conduite à tenir», a-t-il donné l’assurance.
A en croire Dicko, le problème c’est, au-delà de la personne du président Ibrahim Boubacar Keïta. En plus de la mauvaise gouvernance, il y a le terrorisme également. Et pour faire face à cela, il faut des gens qui regardent dans la même direction.
«Vous ne pouvez pas continuer à diviser les gens et à distraire le peuple seulement en prenant comme prétexte le problème de terrorisme», a-t-il mis en garde. A l’en croire, c’est ce qui risque de continuer car tous ces gouvernements essayent de cacher leurs compétences et déterminations de résoudre le problème qui assaillent les populations, sous le prétexte de lutter contre le terrorisme. Pour lui, pour lutter contre ce mal du siècle, il faut l’implication des populations, pas les gouvernements à eux seuls.
«C’est le gouvernement et le peuple qui peuvent lutter ensemble pour gagner cette lutte contre le terrorisme. Mais si cette lutte est seulement au niveau des gouvernements, c’est un combat qui ne sera jamais gagné».
Sa vision sur le terrorisme et la religion
D’après lui, il faut une résistance citoyenne réelle face au terrorisme. La situation mérite une analyse plus pointue que de chercher des solutions superficielles.
«J’ai toujours dit que cette crise face au djihadisme ne va pas sans l’adhésion du peuple et pour avoir cela, il faut avoir la confiance, améliorer la gouvernance. Il faut être là. Quand l’administration n’existe pas dans des localités entières où ces les gens-là font leurs lois, alors vous voulez que ça soit quoi? C’est pourquoi je dis que la gouvernance au Mali et en Afrique doit être révisée. Vous ne pouvez pas gouverner le peuple sans le peuple», dira-t-il.
Selon lui, les dirigeants s’intéressent aux citoyens, juste pour avoir les suffrages, et dirigent seuls. Ce temps est révolu. «Ça ne marchera pas, il faut nécessairement l’adhésion et l’implication du peuple pour faire face à tous les problèmes, y compris le terrorisme», a prévenu le leader religieux.
Cependant, il ajoute que, quelle que soit la nature des forces internationales présentent au Mali, tant que les populations ne sont pas impliquées dans cette lutte, il est difficile de la gagner. «Nous ne sommes pas à une époque où seulement les armes luttent. Nous sommes à une époque où, nécessairement, il faut que les populations qui sont les premières concernées soient à l’avant-garde de cette lutte pour la gagner», a-t-il souligné.
Pour lui, il y a un sérieux problème et il faut que les gens aient le courage de le dire. Au Mali, il n’y a pas une religion imposée, mais choisie.
«Le fait de venir avec des fusils, des bombes, c’est autre chose que la religion. La religion en Afrique a été toujours un choix. Ce qui est là aujourd’hui est-ce que c’est au nom de la religion ou bien c’est d’autres forces obscures, ou des gens qui sont frustrés par d’autres comportements et qui ont trouvé aussi leur expression de cette manière? Pour lui, tout cela doit faire l’objet de débat par le monde musulman. Ce débat ne devait pas être laissé aux autres qui se disent experts et se prononcent sur celui qui est bon ou mauvais pour les musulmans», a-t-il expliqué.
Mahmoud Dicko estime que c’est à eux de déterminer qui doivent-ils combattre ou pas. Si on n’est pas d’accord avec ceux qui parlent de l’Islam au nom de l’Islam, c’est le monde musulman qui doit le décrier et y faire face. Mais ce n’est pas aux autres de débarquer chez nous sans notre consentement et au nom de ce combat. C’est pour cela que c’est difficile de le gagner», regrette-t-il.
«Et c’est difficile de le dire. Quand on le dit, ils vont dire ah non, celui-là, il partage des choses avec eux. Je ne partage rien avec qui que ce soit. Mais il faut partager la vérité avec tout le monde. S’il y a un problème, il faut chercher à connaître d’abord la nature du problème pour trouver des solutions», a jouté l’imam.
Pour lui, la sous-région ne pourra pas combattre ce fléau sans l’implication de son peuple qui est resté à l’écart, au profit des forces étrangères, dont les citoyens ignorent la nature de leur présence. La seule solution, c’est qu’il faut parler avec ces personnes égarés qui mettent le monde en danger. Car il y en a beaucoup parmi eux qui ont besoin d’être tirés de l’obscurité.
«J’ai parlé avec ces gens, j’ai constaté qu’il y a des gens qui ne savent pas de quoi ils parlent souvent. Il y a beaucoup de gens qui sont parmi eux et qui sont là seulement parce que tous les horizons sont bouchés pour eux. Ils ne savent plus comment faire, et le fusil, c’est un instinct de survie pour eux. C’est pour s’affirmer, c’est pour se déterminer ; ce n’est pas une conviction religieuse réelle», a-t-il laissé entendre.
Moussa Sékou Diaby /
Source: Le Tjikan