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Madani Tall, président du parti ADM : « IBK peine à rencontrer l’histoire qu’il est chargé d’écrire »

Dans un entretien que le président du parti Avenir et développement du Mali (ADM) nous accordé, dans le cadre du premier anniversaire d’IBK au pouvoir,  Madani Tall s’inquiète si les pourparlers qui se déroulent en Alger seront une solution définitive à la crise du Nord.

 madani tall

IR : Le président de la République IBK a un an au pouvoir ce 4 septembre. Quelle analyse faites-vous des douze mois du candidat de RPM au pouvoir ?

Madani Tall : Les Maliens sortent de deux années de traumatisme et de fait l’élection du président IBK a bénéficié d’un soutien populaire à la mesure de l’espoir qu’il incarnait. Quel Malien n’aspire pas à l’honneur du Mali et au Mali d’abord ? Quel Malien n’aspire pas à la restauration de la souveraineté nationale sur l’ensemble du territoire, à la restauration de l’autorité de l’Etat ? Quel Malien n’aspire pas à la lutte contre la corruption, l’inégalité et l’injustice ? Quel Malien n’aspire pas au plein emploi, au bien-être, à la santé et à l’instruction ? C’est parce qu’il incarnait ces principes qu’il a été élu. Or, le président peine à rencontrer l’histoire qu’il est chargé d’écrire.

IR : La déception est un sentiment général au Mali aujourd’hui. Est-ce que le chef de l’Etat a encore les moyens pour redresser la barre selon vous ?

M. T. : La déception est toujours à la mesure des attentes et il est impératif que le chef de l’Etat prenne la mesure du sentiment du peuple. Nous ne sommes tous que des humains, et en cela faillibles. Je suis convaincu qu’IBK lui-même s’est rendu compte des failles de son système. Douze mois sur soixante se sont écoulés, il reste donc 48 mois pour redresser la barre. Cela ne demande qu’une volonté ferme d’affronter les problèmes auxquels les Maliens font face. Cela demande également plus d’aptitudes que le gouvernement actuel n’en démontre.

                                                          

IR : Sur quoi doit-il s’appuyer pour renouer avec les électeurs ?

M. T. : C’est simple : il faut résoudre leurs problèmes, créer de l’emploi, faire en sorte que l’argent circule, que les investissements se fassent, que la saleté diminue, que les denrées soient abordables pour nos mères, que l’école ne soit pas une usine à échec social, que les retraités ne peinent pas à vivre ; que les commerçants aient des bénéfices, que la justice soit juste, que les routes soient maintenue, que les enfants rient. En somme, il faut développer le pays et démontrer que l’on est là pour le peuple. C’est cela qui fait que le peuple nous aime et nous fait confiance.

 

IR : Si  vous étiez président que ne feriez-vous pas comme IBK ?

M. T. : Attendez pour cela que Dieu m’accorde cette mission, on juge l’artisan à l’ouvrage.

IR : Est-ce  que le Mali peut réellement prétendre à l’émergence ? Si oui en quoi faisant ?

M. Tall : C’est évidemment possible, d’ailleurs nous étions sur cette lancée sans la guerre en Libye qui a permis à des groupes rebelles de saper notre équilibre. Au-delà des points en réponse à votre troisième question, pour qu’il y ait émergence, il faut du travail, de l’intelligence et surtout de l’innovation. Il faut maîtriser les coûts, transformer l’artisanat en PME afin de créer une classe moyenne, augmenter le niveau de vie et de salaires à travers une augmentation de la productivité.

Les régions doivent devenir des pôles de production indépendants et les outils agraires doivent être modernisés. L’irrigation ne doit plus dépendre de la seule météo. Surtout le système éducatif doit être remis à plat et la mienne de passage doit être relevée. Le métier d’enseignant doit être valorisé et protégé des aléas du quotidien. L’investissement productif demeure le ciment de tout cela.

IR : Les pourparlers d’Alger qui viennent de reprendre seront-ils la clef de la résolution de la crise du Nord ?

M. T. : Cela est peu probable, car ces pourparlers tendent à transcrire une pâle copie de ce qui a été fait précédemment et qui n’a pas empêché la situation actuelle. Nous allons vers le même processus de désarmement, réintégration, réconciliation qu’en 1992, 1996 et 2006. Or les racines du problème ne sont pas traitées.

 

IR : Quelle solution vous proposez en tant qu’homme politique et ancien conseiller à la présidence ?  

M. T. : J’ai surtout des solutions en tant que fils du Mali. Il est important de procéder à la réforme qui avait été initiée en 2011 sur le redécoupage territorial, qui instituait de nouvelles régions et cercles à dimensions plus humaines. De plus, il convient de renforcer la démocratie en permettant l’élection des gouverneurs qui, ainsi deviendraient responsables devant le peuple, la présence de l’Etat étant assurée par le corps préfectoral. Au-delà de tout, il faut faire les choses avec sang-froid. Les groupes armés ne peuvent faire la loi que si l’Etat est désorganisé.

Les défaites actuelles de l’armée malienne ne sont que le fruit de la précipitation, mais le temps joue pour le Mali. Chacun doit le comprendre à commencer par ceux qui s’estiment en position de force aujourd’hui. Car les Maliens n’accepteront pas de compromis qui aille à l’encontre de l’intérêt national.

 

IR : Les élections municipales sont pour bientôt, comment se porte l’ADM ?

M. T. : Dieu merci l’ADM continue à se construire, notre parti est à l’image du Mali : tangue, mais ne se renverse pas.

IR : Votre dernier mot au peuple malien?

M. T. : La patience est la vertu des forts. Dieu Veille.

Propos recueillis par

Maliki Diallo

SOURCE: L’Indicateur du Renouveau  du   5 sept 2014.
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