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M5-RFP/CMAS : Qui a inauguré le meurtre au paradis ?

La belle mort. Voici, semble-t-il, le sort réservé à tous les regroupements qui se sont formés à la faveur des revendications sociales qui ont marqué les trois dernières années au Mali. Présentés comme l’absolu réveil du peuple pour aller au paradis, ces mouvements se désintègrent allègrement en plein vol par l’action d’un Méphistophélès, introduit le paradis, qui n’hésite pas à y commettre un meurtre.


On lui aura reproché le choix du terme mais il faut reconnaître à Soumeylou Boubèye Maïga sa justesse d’analyse quand il a évoqué des mouvements hybrides pour qualifier cet empaquetage de mouvements divers et variés. Mus par un intérêt commun, des mouvements associatifs, religieux et même politiques n’ont pas hésité, tout le long, de la marche démocratique du Mali, à s’allier. Ils ont promis de nous sortir de la caverne pour conduire ce pays vers la lumière. L’ambition de l’allégorie s’est toujours heurtée, à un moment donné, à la sentence de la nature humaine qui prend toujours le dessus sur toutes les dynamiques de groupe.
Sur cette dernière décennie, ces alliances ont eu un départ prometteur car relevant avec fracas les aspirations des populations, les portant aux nues d’un débat politique qui veut les oublier. Elles ont mobilisé les foules sur la base d’idéaux et de conviction en un Mali meilleur. C’était une extase politique que de voir des adversaires d’hier se mettre ensemble, contre vents et marées, pour disaient-ils changer le Mali. Voir Choguel Maïga et Mountaga Tall à la même table, Cheick Oumar Sissoko et l’imam Dicko ou encore Mohamed Ali Bathily et l’URD dans le même bateau, pouvait donner un vent d’espoir à ce peuple.
Dans le cas des récents regroupements, les suspicions n’ont pas tardé sur les intentions et l’agenda réel des uns et des autres. Le ciment des discours tenus avant le départ d’IBK, dans le cas du M5-RFP, pouvait-il résister à la première tempête ?
Manifestement non. L’arrivée des militaires au pouvoir a révélé cette facette cachée du paradis de ces regroupements. La vie n’y est pas rose et certains se sont empressés de commanditer le meurtre de la séparation dans ce jardin d’Eden qu’on faisait miroiter au peuple. Les accusations de trahison ont suivi les suspicions. L’imam politique aurait manœuvré à la séparation, son poulain refoulé Kaou Djim serait la brebis galleuse, la folie des grandeurs des stratèges du M5 est en cause, la « fourberie » des militaires serait la principale raison, la désinvolture du Président de la transition n’est pas en reste. Certains pointent même du doigt la naïveté du peuple malien, qui malgré le caractère hybride et peu probable de ces regroupements, ont cru en un lendemain meilleur, un lendemain sans désillusion politique.
En tous les cas, comme ce fut le cas avec le personnage biblique Caïn, il faudra trouver le meurtrier du paradis, et vogue la galère.

                                                                       Y. KEBE

Source: Bamako News

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