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M5: le « peuple » floué

Entre le régime et la contestation, il y a quelque chose de tordu et ce n’est pas sur la colline. Un an après le 5 avril, les hybrides ont remis ça. Face à l’insécurité débordante, la pauvreté et au désespoir innommable des populations, les accusations de l’Imam Dicko et de ses partisans sonnent comme cantiques sacrées et deviennent très vite pour le peuple floué sur toute la ligne des berceuses…

Le peuple du Mali réel (travailleurs lésés et mal payés, enseignants méprisés et humiliés, partants volontaires, frustrés des urnes, désœuvrés et victimes de la corruption, de Edm et de la Covid-19… mais aussi et surtout déçus et désillusionnés de la gouvernance IBK).
Ils rejoignent par vague déferlante le mouvement de Dicko et manifestent son allégeance à l’Imam qui dit non et stop à la mauvaise gouvernance.
Les accusations sans réponse
Selon l’Imam et ses partisans, le régime d’IBK est sans aucune vision, il se noie dans les scandales, l’incapacité, l’incompétence, c’est un prédateur et destructeur de nos valeurs fondamentales et en totale incohérence vis-à-vis des intérêts vitaux et stratégiques du Mali et ce dans le déni des valeurs fondamentales de notre Société. Le Rassemblement des forces patriotiques du Mali reproche au régime dix (10) choses : (Déclaration du 5 juin)

Une gestion catastrophique de la crise multidimensionnelle au Mali ; des atteintes à la souveraineté, à l’intégrité du territoire national ; des forces armées et de sécurité laissées à l’abandon ; l’insécurité généralisée avec son cortège de morts, des villages détruits, et des populations déplacées ; la mal gouvernance, la corruption et la gabegie financière, au détriment du monde paysan et du secteur privé ; la détérioration sans précédent des services sociaux de base comme l’éducation, la santé, l’électricité, l’eau, les infrastructures routières ; la paupérisation croissante des populations laborieuses ; des atteintes récurrentes aux valeurs et principes de la République ; les droits et libertés individuels et collectifs en péril ; l’impasse d’une voie électorale désormais hypothéquée.
Des pistes non prospectées
Ils proposent comme solution de sortie de crise :
1. une grande mobilisation pour le sursaut national face à une mal gouvernance chaotique, au risque de partition du pays, aux atteintes graves aux principes constitutionnels, républicains et démocratiques, notamment la confiscation du vote des citoyens ;
2. la reconstruction des forces armées et de sécurité, mieux recrutées, mieux formées et mieux équipées, dignes d’un État protecteur de ses citoyens et de ses institutions ;
3. la préservation de l’intégrité territoriale du Mali, son unité, sa laïcité et le plein exercice de sa souveraineté sur toute l’étendue du territoire national ;
4. une gouvernance vertueuse garantissant la paix, la sécurité, la justice et la réconciliation nationale ainsi que la restauration de la confiance entre l’État et les citoyens ;
5. une priorisation de l’éducation et de la santé ;
6. la garantie de l’accès aux services sociaux de base et aux infrastructures ;
7. la restauration de l’État de droit par la consolidation de la démocratie afin de permettre au Peuple malien de jouir librement de tous ses droits constitutionnels ;
8. les réformes politiques et institutionnelles garantissant des élections régulières et crédibles se traduisant par une forte légitimité des institutions de la République ;
9. la mise en œuvre de toutes les actions nécessaires pour la libération de I’honorable Soumaila CISSE, Chef de file de l’opposition républicaine, et de toutes les personnes enlevées et injustement privées de leur liberté ;
10. l’union sacrée autour de l’idéal d’un Mali uni, prospère et respecté, à travers la rupture avec le système actuel qui a mis en danger de dislocation notre Pays et notre Nation.
Entre la marche du 5 juin et celle du 19 juin, l’Imam et ses partisans ont commis l’erreur d’accepter les bons offices. Celle des familles fondatrices à l’issue de laquelle l’Imam dira n’avoir jamais demandé la démission d’IBK. Du cadre de concertation ; de la CEDEAO et de la majorité. Ce qui fait tout de même bizarre et marquera profondément par la suite la cohésion interne du groupe.

Le M5-RFP a fait une importante rencontre, dit-on, le lundi à son siège avec l’Imam Dicko qui avait auparavant exprimé sa position en faveur d’une solution négociée. En d’autres termes il ne veut plus le départ d’IBK.
Face à la crispation des positions, les antagonismes, les divergences et les déchirures se font jour, notamment après la Conférence de presse qui était censée donner la position définitive du mouvement. Conférence à laquelle Dicko n’a pas pris part et à l’issue de laquelle une des trois composantes historiques s’est désolidarisée des nouvelles propositions, à savoir le EMK de Cheick Oumar Sissoko.
Tout en faisant siennes les propositions formulées çà et là, le M5 demande officiellement et pour la première fois 8 autres choses et la mise en place d’un gouvernement de Transition avec contorsions et spasmes insaisissables par les constitutionnalistes (Premier ministre est désigné par le M5-RFP non par le PR).
Parce que même si le Président IBK le veut l’exigence du M5 est impossible au plan constitutionnel au regard de l’article 38 (Le Président de la République nomme le Premier ministre. Il met fin à ses fonctions sur présentation par celui-ci de la démission du Gouvernement. Sur proposition du Premier ministre, il nomme les autres membres du Gouvernement et met fin à leurs fonctions).
En effet pour la première fois, l’exigence de la démission du président n’est pas énumérée parmi les préalables du M5-RFP.
Le Mouvement du 5 juin – Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) envisage une nouvelle manifestation le 10 juillet prochain. L’annonce a été faite ce mercredi 1er juillet lors d’un point de presse tenu à Bamako.
Mais à l’allure où les choses se déroulent, si le M5 ne fait pas attention, il risque de tout perdre. Le mouvement est né d’une frustration qui est emmagasinée par différentes composantes. Les gens dont le M5 parle en leur nom, d’où les grandes mobilisations lors des deux rassemblements.
Le M5 a brandi une fausse solution à la population en disant que la base de tout le problème au Mali est le président et qu’il faut qu’il démissionne. Une position qui a entrainé beaucoup de gens à regagner le mouvement.
Après les deux sorties réussies, l’imam Dicko a tenté de temporiser le jeu. Il a proposé le maintien du président IBK. Les responsables du M5-RFP qui avait catégoriquement refusé de rencontrer IBK ont fini par accepter. Dans le mémorandum ils ne parlent pas de la démission d’IBK, et des propositions dites de sortie de crise sont faites.
Les responsables du M5 devaient rencontrer IBK le dimanche. Mais ils n’ont pas eu le courage d’aller remettre le mémorandum en main propre. C’est l’imam Dicko qui a été chargé d’aller remettre le document, le samedi. Aussi, lors de la rencontre avec IBK, le M5 n’a pas eu le courage de parler de démission. Cela est bizarre non ? Quand IBK a proposé aux responsables du M5 d’intégrer le gouvernement d’union nationale, ceux-ci n’ont pas répondu par non. Ils ont affirmé qu’ils vont réfléchir sur la proposition du président.
Finalement les gens commencent à dire que les responsables du M5 se battent pour des postes. Beaucoup seront surpris quand figureront dans la nouvelle équipe gouvernementale des têtes d’affiche du M5. Il est clair que certains responsables du Mouvement sont prêts à accepter l’offre. Les jours à venir nous édifieront davantage.

Source: info-matin.

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